Yella

Alors que son époux endure les malheurs de la séparation et de la faillite de leur entreprise, Yella quitte sa petite ville d’Allemagne de l’Est pour Hanovre, en Allemagne de l’Ouest. Laissant derrière elle cet homme d’affaires ruiné et maniaque, elle découvre sa nouvelle cité dans l’étrangeté : spécialiste de bilans économiques, elle ne trouve pas sa place dans l’entreprise qui l’avait engagée, également au bord de la faillite. Perdue dans son hôtel, elle fait la connaissance de Philip, responsable de contrats pour une banque. Il la recrute alors pour ses réunions de travail. Très vite associés, très vite amoureux, les deux entreront aussi rapidement dans une dynamique également étrange.

Pour frapper son personnage éponyme d’un passé traumatique et ambivalent, Christian Petzold fait appel à des irruptions de bruitages éclatants. Multipliant les disfonctionnements (sonores mais aussi narratifs et symboliques), le réalisateur travestit l’ordinaire avec une étrangeté d’inspiration freudienne. Bien que très « psychologique », Yella confronte sans cesse son spectateur à un questionnement sur les mécanismes de la mise en scène : alors qu’un code se trouve visiblement mis en place, il s’avère difficile de reconnaître quels rouages ne se révèlent pas huilés… À l’instar du personnage, nous sommes ainsi saisi par les craquements de cet univers angoissant. Un film fait de fantômes et de fantasmes, intelligemment insaisissable.