Musiciens de l'Orchestre philharmonique de Radio France et Vadim Repin

Deux sextuors à cordes d’esprit violemment antinomiques forment le programme provocateur de ce concert : à l’amour assumé de Tchaïkovski pour le bel canto et toute forme d’élégie dans son Souvenir de Florence, répond l’expressionnisme et la virulence du Sextuor à cordes de Schulhoff, musicien célébré en son temps comme un moderniste aux multiples visages.

L’unique sextuor à cordes de Tchaïkovski a été esquissé vers 1887 et repris puis terminé en 1890 avec la mention « Souvenir de Florence » à l’intention de l’amie et mécène du compositeur, Nadja von Meck. Dans une lettre à son frère Modeste, le compositeur écrit « être embarrassé, non par un quelconque manque d’idées, mais par la nouveauté de la forme... Six voix indépendantes mais semblables, qui ne peuvent être interprétées qu’en sextuor. C’est incroyablement difficile. »

Erwin Schulhoff fut l’un des musiciens les plus inventifs de son temps – il s’intéressa tout autant au jazz qu’au sérialisme ou au dadaïsme, naviguant dans un cercle très ouvert de créateurs, tous arts confondus. Il appartient à ces compositeurs qualifiés de « dégénérés » par le régime nazi ; arrêté après l’Anschluss, il fut déporté au camp de concentration de Würzburg où il mourut.
Inauguré par un geste initial qui rappelle celui d’Elektra de Richard Strauss, le Sextuor à cordes de Schulhoff installe d’emblée une écriture déchirée, violente, d’esprit expressionniste.