Louis XV

Versailles est surtout un palais à la gloire de Louis XIV et pourtant l'Art Décoratif français connu dans le Monde, le mode de vie de l'aristocratie, l'émergence du siècle des Lumières, le sommet et le début de la fin d'un régime politique, tout cela s'est passé sous Louis XV dont on ne parle pas assez souvent et que cette exposition aura eu le mérite d'évoquer.

Depuis des mois, la presse ne tarit pas d’éloges sur cette grande exposition versaillaise consacrée à Louis XV. On nous a prévenus : c’est de l’homme dont on parlera et pas de la politique ou de la France de son règne. Quelle bonne idée ! Enfin, se dit-on, la personnalité humaine, psychologique, affective va être présentée de celui qui régna 64 ans sur la France.

Bien sûr, les organisateurs de l’exposition ont su dénicher quelques œuvres illustres qui font le vernis d’un événement, comme la commode de la chambre du roi ou le tableau le représentant avec son arrière-grand-père, son grand-père, son père et sa maman de toujours, Madame Ventadour, tous deux prêtés exceptionnellement par la Wallace collection de Londres.

On parcourt les salles certes méthodiquement thématiques (la science, la chasse, l’art rocaille, etc.) mais la mise en scène n’est pas réussie. L’exemple le plus flagrant en est la salle immense où la fameuse commode est placée au milieu, noyée sur un tapis qui l’étouffe, où des toiles sont éparpillées sur les murs et où est exposée une création contemporaine d’objets dorés censés témoigner de la survivance rocaille du goût de l’époque. Mais que fait dans ce lieu qui fait penser à un dépôt, cette composition curieuse et malvenue ? Comme nous sommes loin de l’exceptionnelle scénographie de Pizzi pour l’exposition « Le roi est mort » !

Les panneaux explicatifs sont de qualité même si manquent parfois des cartels, comme celui de la première machine « à faire de l’électricité ». Mais le principal défaut tient au fait que se succèdent des thèmes (sous prétexte de « passions »), qui témoignent des spécificités de l’époque (le goût pour la science, la botanique, l’art, etc.) sans vraiment révéler l’homme. Comme on aurait préféré des ambiances recréées comme à l’hôtel de la Marine qui auraient permis au visiteur d’approcher la vie quotidienne du souverain et donc ses limites, ses traits de caractères, ses obsessions. On aurait ainsi découvert que le tempérament de ceux qui nous dirigent, influe sur le cours de l’histoire et des gouvernements. On aurait pu établir un pont entre l’homme et l’histoire de la France.