Berthe Morisot et l'art du XVIIIe siècle

Berthe Morisot était profondément influencée par l'art du XVIIIe siècle, une période riche en style et en esthétique. 

La première section de l'exposition met en lumière le cadre de vie de Berthe Morisot, où l'art du XVIIIe siècle est encore présent. Son père, le préfet Tiburce Morisot, joue un rôle essentiel dans la création des musées de Limoges, où des œuvres du XVIIIe siècle ont été rassemblées. Berthe Morisot évolue ainsi dans un décor XVIIIe siècle, posant pour des portraits, dont celui que lui dédie Adèle d’Affry, la duchesse Castiglione Colonna. Ces influences se reflètent dans les œuvres de Berthe Morisot réalisées entre 1875 et 1880, présentées en regard de peintures et de dessins à la sanguine signées Watteau et Fragonard.

La section suivante de l'exposition se concentre sur la période triomphante de l'impressionnisme de Berthe Morisot, entre 1879 et 1885. Son tableau Vénus va demander ses armes à Vulcain, copie d’après François Boucher, exécutée au musée du Louvre dans le but d’orner le salon-atelier qu’elle aménage dans l’immeuble familial qu’elle fait construire avec son époux est la seule œuvre peinte par Morisot qu’elle accrocha dans son intérieur et avec laquelle elle vécut. Cette œuvre, dans ce contexte, prend la force d’un manifeste.

L'exposition se poursuit avec une section dédiée au peintre Jean-Honoré Fragonard, dont une toile majeure, La Leçon de musique, est exceptionnellement prêtée par le musée du Louvre. Plusieurs œuvres de Berthe Morisot sont exposées à proximité, montrant sa liberté de facture et sa touche visible, tout en élargissant la comparaison avec des artistes du XVIIIe siècle comme George Romney, Thomas Gainsborough et Jean-Baptiste Perronneau.

En 1885, l'exposition de la Société des Pastellistes français marque un tournant dans la pratique artistique de Berthe Morisot. Elle adopte systématiquement le pastel dans ses œuvres préparatoires, révélant un lien fort avec les peintres du XVIIIe siècle. Peintures et pastels sont exposés côte à côte, démontrant comment l'artiste s'inspire des techniques et des harmonies colorées de ses prédécesseurs.

Enfin, après le décès de son époux en 1892, Berthe Morisot se tourne une fois de plus vers François Boucher en copiant une de ses œuvres lors d'une visite au musée de Tours. Cette fois, elle transpose le style du peintre dans son propre univers, créant un dialogue entre leurs arts respectifs. Des tableaux tels que Repos et Jeune fille endormie illustrent comment Berthe Morisot interprète l'héritage artistique du XVIIIe siècle à travers le prisme de son propre siècle et de son tempérament artistique.