Tranchées

Le musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux, qui a ouvert ses portes le 11 novembre 2011 sur le territoire de la première bataille de la Marne, est le plus grand musée d’Europe sur la Première Guerre mondiale, avec sa collection de près de 70 000 objets et documents retraçant les parcours de la vie quotidienne et militaire de la guerre de 14-18. Il nous livre aujourd’hui les secrets des tranchées.

Guerre de tranchées

C’est un thème insolite, et pourtant fascinant que celui des tranchées, tristes symboles d'un terrible conflit qui s’enlisât pendant quatre ans. Elles ne sont pas nouvelles. Pratiquées par les armées depuis le Moyen Âge, elles sont d’abord des fortifications, puis un réflexe de survie pour les soldats tentant de se protéger d’un feu ennemi toujours plus puissant alors que les avancées technologiques intensifient la guerre. En 1914, les hommes s’enterrent pour se défendre. Mais à mesure que les positions s’installent, se figent, les tranchées deviennent de plus en plus nombreuses et complexes. Renforcées, aménagées, multipliées et connectées entre elles, elles s’étendent sur une ligne continue de 700 km reliant la mer du Nord à la Suisse, et constituent un maillage sophistiqué de positions, de lignes de combat et de points d’appuis.

Un mode de vie troglodyte

« Ma Lou, je coucherai ce soir dans les tranchées / Qui près de nos canons ont été piochées. C’est à douze kilomètres d’ici que sont / Ces trous où dans mon manteau couleur d’horizon / Je descendrai tandis qu’éclatent les marmites / Pour y vivre parmi nos soldats troglodytes », écrivait Guillaume Apollinaire depuis le front. Car ces excavations longues et étroites ne sont pas que des chemins de bataille d’où les soldats lancent leurs assauts, ils deviennent de véritables lieux de vie... Ou de mort. Installés dans des boyaux étroits envahis par les rats, la boue, la maladie, les appelés tentent de survivre, sous les bombardements quotidiens, laissant les survivants à jamais traumatisés.

Anne-Sophie Jahn