Sylvain Gripoix, Tout ce qui parade

Le Pavillon Carré de Baudouin présente le travail d’un jeune photographe, spécialiste du portait et des clichés pris sur le vif, dans les rues de Paris ou celles de Cuba.

L’art du portrait, du concert à la pochette de disque

Le Pavillon Carré de Baudouin, qui s’est donné pour mission de faire découvrir de jeunes artistes autant que de diffuser des œuvres plus connues, consacre une belle exposition au photographe Sylvain Gripoix. Elle vient conclure une saison dédiée à la photographie humaniste entamée en 2018 avec la rétrospective « Willy Ronis par Willy Ronis ».

Sur deux étages, on découvre l’évolution du travail du photographe avec des clichés pris ces quinze dernières années. La scénographie permet de changer de point de vue en passant d’une salle à une autre. Au rez-de-chaussée, sont exposées des photographies de presse, prises en studio ou en extérieur, lors de fêtes et de concerts notamment. Un lien avec la musique qui se retrouve dans une grande partie de l’œuvre de Sylvain Gripoix, qui a à son actif les visuels d’albums de Kent, Carmen Maria Vega ou Olivia Ruiz, et des portraits comme celui de Cécile McLorin Salvant, nouvelle grande voix du jazz.

Art de rue

Le second étage du Pavillon présente l’un des grands axes du travail de Sylvain Gripoix : la photo de rue. Inspiré par une phrase du roman Lac de Jean Echenoz, qui compare un trajet en bus à un « safari photographique », Gripoix s’est lancé dans la jungle urbaine pour en saisir les visages, son œil se faisant parfois intrusif, parfois plus distant, toujours bienveillant.

Certaines de ses photos, absurdes, renvoient au mouvement Dada ou à l’Oulipo. D’autres sont plus sociales, dévoilant par exemple le terrible contraste entre la richesse d’une ville et la pauvreté de ses habitants. À Cuba, où il se rend en fin d’année 2016, quelques jours seulement après la mort de Fidel Castro, Gripoix saisit dans la rue la réalité du deuil national. À Lisbonne, c’est la lumière blanche, qui imprègne le décor qui se remarque le plus. Mais la majorité des clichés ont été pris à Paris, ville de cœur de l’artiste, et en particulier dans la partie commerçante de la rue de Rivoli. Extrêmement fréquentée, elle se transforme en podium pour les passants, dont certains semblent sortis d’un défilé de mode. Photo construite ou instantanée, rêve ou réalité ? Le témoignage photo de Sylvain Gripoix n’a qu’une réponse : dans la rue, tout le monde parade.