L'incroyable Hôtel Martel, symbole d'architecture moderne dans la rue Mallet-Stevens
Au cœur du 16e arrondissement, non loin des jardins du Ranelagh et du bois de Boulogne, se trouve un ensemble iconique de l'architecture moderne de la première moitié du XXe siècle : la rue Mallet-Stevens.
Cette voie, inaugurée en 1927 et qui devait initialement rejoindre l'avenue Mozart, contient cinq hôtels particuliers construits d'après les plans du célèbre architecte et designer Robert Mallet-Stevens (1886-1945). À ces immeubles, dont certains ont été modifiés depuis, s'ajoute quelques édifices plus récents, qui ne brisent néanmoins pas le charme et l'extraordinaire témoignage d'une période d'innovation unique dans l'histoire de l'architecture.
→ Du 23 juillet au 31 août 2023, la rue, ainsi que l'Hôtel Martel, seul édifice conservé quasiment à l'identique depuis 1927, peuvent être visités de façon exceptionnelle.
Une rue symbolique des préceptes architecturaux de Robert Mallet-Stevens
Le village d’Auteuil fut rattaché à la commune de Paris en 1860. Il disposait encore de nombreux terrains à bâtir dans la première moitié du XXe siècle, attirant ainsi les architectes désireux d'appliquer leurs théories en matière d'urbanisme. Le projet de lotissement privé de l'actuelle rue Mallet-Stevens fut initié par Monsieur Daniel Dreyfus, propriétaire du terrain et par ailleurs déjà client et ami de Robert Mallet-Stevens.
Ce dernier publia en 1926 dans son manifeste répertoriant ses théories sur la cité-jardin, en gestation depuis les années 10 :
« La rue que j’ai la bonne fortune de construire est située à Auteuil (…) Aucun commerce n’y est autorisé. Elle est exclusivement réservée à l’habitation, au repos (…) et son aspect même, par sa structure générale, doit évoquer la placidité sans tristesse. Ces hôtels particuliers ayant chacun un programme spécial, sont très différents les uns des autres, mais conçus dans un même esprit afin de créer une unité. Si les programmes ne sont pas semblables, les exigences de chacun des habitants sont les mêmes : de l’air, de la lumière. Aussi toutes les baies vitrées sont vastes, corrigées en tant que température par le chauffage central. Les constructions sont en béton armé, autorisant de grandes portées sans points d’appuis intermédiaires, permettant des espaces libres sans poteaux. Toutes ces maisons (…) couvertes de terrasses. (…) à différents étages, disposées en gradins, sur une rue entière, procureront un ensemble de verdure s’harmonisant avec les lignes calmes de l’architecture. »
Ainsi, cinq hôtels particuliers furent bâtis, destinés à accueillir chacun les membres d’une seule famille :
- l'Hôtel Mallet-Stevens, à l’angle de la rue du Docteur Blanche et de la rue Mallet-Stevens, abritant le logement du couple Mallet-Stevens et de leur fille ;
- l'Hôtel Martel (au n°10), construit pour les sculpteurs et frères jumeaux Jan et Joël Martel et auquel est adossé un magnifique atelier (voir plus bas) ;
- l'Hôtel Dreyfus (au n°7), du nom du propriétaire du terrain ;
- l'Hôtel Reifenberg (au n°4), construit pour la pianiste Madame Reifenberg et sa famille ;
- enfin l’Hôtel Allatini (au n°5), construit pour le cinéaste Éric Allatini.
À cet ensemble s'ajoute la Maison du gardien (au N°1), conçue par Mallet-Stevens architecte et construite par l’architecte Gauthier.
La rue Mallet-Stevens aujourd'hui
Tous les bâtiments inaugurés en 1927 sont encore présents. Néanmoins, les proportions d’origine de cet ensemble architectural unique ont été dénaturées dans les années 60 par l’ajout d’étages supplémentaires sur l'Hôtel Mallet-Stevens et, dans une moindre mesure, sur l'Hôtel Reifenberg. L'Hôtel Allatini a, de son côté, perdu tout lien avec le concept architectural originel en raison de travaux de transformation en immeuble de rapport effectués dans les années 60.
D'autres bâtiments ont également été construits depuis l'inauguration de la voie, notamment un immeuble moderniste d’habitation construit en 1954 par l’architecte Rémy Le Caisne (au n°9).
Menacée de destruction au début des années 70, le site est protégé dans sa totalité par un arrêté en 1975, puis inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 2000. La maison-atelier des frères Martel, la seule conservée dans sa configuration originale, est classée au titre des monuments historiques en 1990.
Focus sur l'Hôtel et l'atelier Martel
Construit pour les frères jumeaux Jan et Joël Martel, à usage d’atelier de sculpture et de logement pour leur famille, cet édifice est resté dans un état de conservation exceptionnel grâce à la clairvoyance de la famille Martel qui y résidait encore jusqu’aux années 90. L’immeuble comprend trois appartements en duplex décalés sur deux niveaux, il constitue l’archétype du bâtiment art déco d’influence cubiste et figure dans tous les ouvrages de références consacrés à l’histoire de l’architecture.
L'atelier, en grande partie enterré, est un chef-d’œuvre de volumes et de proportions. Il abritait l’atelier de sculpture des deux frères Martel, de 1927 jusqu’à leurs morts rapprochées en 1966. Il est désormais occupé par la galerie 54 de l'antiquaire et collectionneur Eric Touchaleaume, spécialiste du modernisme des années 1920 aux années 1960, et qui habite également l’appartement en duplex au 2e et 3e étage.
Lors de la visite, vous pourrez apprécier du mobilier, des objets et des œuvres de Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Louis Barillet, Pierre Jeanneret, Le Corbusier...
Informations sur les visites
Quand ? Visites organisées tous les jours du 23 juillet au 31 août 2023. Toutes les 15 minutes de 10h à 16h.
Où ? 10 rue Mallet-Stevens, Paris 16e, métro Jasmin ou Ranelagh
Entrée libre. Les visites sont limitées à 6 personnes à la fois.
Merci de sonner et d'attendre que la visite précédente se termine. Ce bâtiment est exceptionnellement ouvert au public. Il est à usage privé, il est donc nécessaire de respecter le calme du lieu et de ne pas troubler la tranquillité de ses habitants.
Informations au 01 43 26 89 96.
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
En cette fin d'année 2024, plusieurs parcours lumineux sont à visiter dans la capitale et ses environs, pour l'émerveillement des petits et des grands.
Pour les fêtes de cette fin d'année 2024, de nombreuses rues de la capitale se parent de décors scintillants à la tombée de la nuit, pour le plus grand plaisir des parisiens et visiteurs.
En ce mois de novembre 2024, les rues s'illuminent, les marchés de Noël s'installent et les grands magasins parisiens vous donnent rendez-vous pour découvrir leurs traditionnels décors et vitrines de Noël.
Découvrez les marchés de Noël organisés cette année dans la capitale et faites le plein d'idées de cadeaux, mais également de douceurs à grignoter, de vin chaud à boire et de rencontres avec le Père Noël.