Avatar : la voie de l'eau : le retour du roi Cameron
Plus d'une décennie d'usinage Marvel aurait pu nous le faire oublier : le blockbuster est aussi une affaire d'auteurs. Treize ans après, James Cameron donne enfin suite à son grand œuvre, et promet de reprendre son trône de roi du box-office.
Autrefois continuateur d'une franchise à succès (Aliens, le retour), puis initiateur d'une autre (Terminator et sa première suite) qui, en son temps, marqua l'Histoire de la science-fiction, James Cameron devint, en 1998, le roi du box-office avec le triomphal Titanic. Or, plutôt que de faire fructifier tout de go ce succès, le cinéaste profita d'une liberté acquise de haute lutte et de moyens désormais presque illimités pour se consacrer, près d'une décennie durant, à un projet fou.
Sorti en 2009, Avatar figurait à la fois un prodige résolument contemporain (en l'espèce, un bond en avant spectaculaire dans le domaine des effets spéciaux), un retour savant à des formes et structures classiques (au-delà du space opera, c'est bien l'imaginaire du western que convoquait le récit) et une puissante fable politique (sur l'impérialisme) et écologique (sur l'exploitation des ressources naturelles). Rien d'étonnant, donc, à ce qu'aujourd'hui encore il soit, jusque parmi les plus jeunes générations de spectateurs, le blockbuster le plus populaire du XXIème siècle.
James Cameron, artiste et capitaine d'industrie
On connaît la chanson d'Hollywood : ce deuxième volet et ses trois suites, d'ores et déjà annoncées, auraient pu ne figurer qu'une usine à cash. Mais Cameron a pris son temps, et il a déjà prouvé que, comme la foudre, il ne frappait jamais deux fois au même endroit (même son Terminator 2 composait moins une suite du premier volet que sa relecture “grand public”). La récente reprise du premier volet en salle, couronnée par un immense succès, a montré que l'attente des spectateurs demeurait inchangée.
Quant aux premières images montrées de cette Voie de l'eau, elles ont fait d'ores et déjà forte impression et, plus que par les “progrès” techniques dont elles témoignaient (dans la perfection de la définition, dans la précision des détails), captivé par les visions qu'elles produisaient et la poésie qu'elles servaient.
Chez Cameron, le capitaine d'industrie, l'explorateur de technologies nouvelles et l'auteur ont toujours cohabité. Nul doute qu'il en sera de même avec ce qui devrait constituer, plutôt qu'une simple et cynique entreprise de cooptation des imaginaires, le plein déploiement d'une œuvre aux proportions colossales.
Avatar, La Voie de l'eau, sortie en salles le 14 décembre 2022 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
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