[critique] Et la fête continue : L'espoir fait vivre

© Agat Films - Bibi Films - France 3 Cinéma

Quelques jours dans la ville de Marseille où, alors que des immeubles vétustes viennent de s’écrouler, des gestes de solidarité s’organisent dans le quartier. Quelques jours dans la vie de Rosa, qui rencontre l’amour au moment où elle s’interroge sur l’opportunité d’accepter d’être tête de liste à la prochaine élection municipale.

Dans Gloria Mundi, il y a quatre ans, Robert Guédiguian avait dressé un bilan d’une noirceur sans concession de l’état de la société. À présent il se demande comment continuer à espérer (et donc vivre) au sein de ce monde-là. Comme celui de Vers un avenir radieux de Nanni Moretti, le titre Et la fête continue sonne d’abord comme amèrement ironique, mais le film, comme celui de l’Italien, s’efforce de le rendre entendable aussi au premier degré.

Moretti et Guédiguian ont tous deux 70 ans. Leur jeunesse a eu un pied dans le militantisme des années 1970 et un autre dans les désillusions des années 1980. Bien que n’ayant cessé de résister, à travers leurs films, ils n’ont pu que constater l’avènement d’un monde diamétralement opposé à leur idéal et à leurs valeurs. L’un et l’autre sont donc atterrés et déprimés, mais tous deux s’appliquent à chercher ce qui brille encore au milieu de la noirceur globale du tableau. Pour Guédiguian, cela passe par une attention particulière portée à la jeune génération, en même temps que par une façon de regarder les choses autrement : détourner un peu les yeux du désastre « macro » pour se concentrer sur la beauté de ce que peuvent encore produire les initiatives « micro », à l’échelle du couple, de la famille, du quartier…

All you need is love

Le film est donc tendu vers l’amour : l’amour réciproque des amants, des parents, des fils, envisagé comme une unité de base, qui, en étant entretenue, pourrait fructifier, élargir sa portée, et peut-être faire repartir le feu de la grande fraternité universelle. Et la fête continue raconte tout cela. Mais plus encore il l’exprime, il le met en acte. En effet, Guédiguian filme ici sa femme, ses amis, sa ville, avec un amour palpable. Et donc, autant que par le doute, le film est traversé par une forme d’émerveillement ému face à ce que la vie et l’humain savent encore avoir de noble et de beau.

Et la fête continue !, sortie le 15 novembre 2023 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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