[critique] Finalement : Lelouch dans tous ses états
Un avocat, atteint d’un mal étrange appelé la « folie des sentiments », plaque famille et métier pour partir sur les routes. Il se laisse guider par ses envies – acheter une trompette, par exemple – et par ses rencontres...
Finalement arrive d’abord en roulant sur un tapis de chiffres impressionnants, puisqu’il s’agit, pour Claude Lelouch, à l’âge de 87 ans, de son 51e film, en plus de 60 ans de carrière ! On sait à quel point, pour Lelouch, vivre et filmer sont aussi liés qu’inspirer et expirer. Ainsi sa filmographie a toujours suivi le tracé de ses préoccupations, de ses amours, de ses humeurs, et cette fois encore il signe un film qui donne de ses nouvelles en montrant un personnage à la fois en crise, pris dans une certaine confusion mentale, et en même temps toujours prêt à se relancer dans de nouvelles rencontres, de nouvelles envies, de nouvelles aventures à vivre.
Le film déborde ainsi d’envie(s) de cinéma et superpose en pièce montée toutes sortes niveaux de réalité et de micro-récits, qui sont comme autant d’amorces d’autres films possibles, croisant un peu tous les genres, du polar à la comédie musicale en passant le mélodrame sentimental.
Un jeu de mémoire
Par ailleurs, Lelouch poursuit ici une sorte de dialogue avec sa propre œuvre, fait de remakes inavoués ou de libres prolongements de ses films passés (Un homme qui me plaît dans Un plus une, Un homme et une femme dans Les Plus Belles Années d’une vie...). En l’occurrence, Finalement s’impose assez clairement comme une relecture d’Itinéraire d’un enfant gâté, tout en étant, si ce n’est la suite, du moins le rejeton tardif de La Bonne Année (Françoise Fabian reprend ici, 50 ans après, le rôle qu’elle y tenait) et de L'aventure c’est l’aventure, dont des extraits sont utilisés comme flash-backs, afin de faire de Lino Ventura l’un des personnages de cette histoire. On peut donc aussi suivre comme un ludique jeu de piste dans le Lelouch-verse ce film qui revisite le passé tout en affirmant une curiosité et un appétit constamment renouvelés pour le présent.
Finalement, sortie le 13 novembre 2024 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
Ce deuxième long métrage d’animation en pâte à modeler de Adam Elliot est un pur chef-d’œuvre d’animation, abordant des thèmes difficiles (le deuil, la séparation…), qu’un humour corrosif et une tendresse infinie rendent bouleversants et lumineux.
Avec ce nouveau projet, Pedro Almodóvar offre une réflexion lumineuse sur le thème délicat du suicide assisté.
Bird marque le retour de la réalisatrice britannique Andrea Arnold à l’univers fictionnel, mais adjoint au réalisme qui l’a fait connaître une fantaisie surprenante, empreinte de délicatesse.
Après une incursion dans le folklore nordique (Northman), Robert Eggers s'attaque au mythe du vampire avec le remake du chef-d’œuvre de F.W. Murnau, sorti en 1922. Le réalisateur américain signe une relecture visuellement sublime et respectueuse de son matériau.