Furiosa : Bruit et fureur du blockbuster

La jeunesse de Furiosa, personnage introduit dans Mad Max : Fury Road en 2015, dans un prequel qui promet d'en reconduire le brio – avec la mise en scène pour souci principal, et à rebours des blockbusters super-héroïques qui trustent les écrans.
Drôle d'histoire que celle de la franchise Mad Max, initiée par George Miller voici bientôt 45 ans. Lancée sur les bases d'un survival post-apocalytique ultra-violent – pour rappel, le premier épisode avait d'abord été interdit de sortie en France –, elle s'était en allant adoucie, pour devenir, avec son troisième opus, Au-delà du dôme de tonnerre, un divertissement, si ce n'est tout-public, plus compatible avec une audience élargie.
En rebootant lui-même, 30 ans plus tard, sa propre trilogie, Miller avait surpris son monde en signant, avec Mad Max : Fury Road (2015), l'un des très rares chefs-d'œuvres du blockbuster de la décennie écoulée – une traversée du désert menée tambour battant et pied au plancher. Signe que la saga s'est désormais franchement féminisée, exit Max avec ce nouveau film, et place à la jeunesse de Furiosa, interprétée par Anya Taylor-Joy – le regard le plus troublant du cinéma contemporain –, qui remplace pour l'occasion Charlize Theron...
Matérialité du blockbuster
C'est cette même veine d'un film d'action franc du collier, dopé à la vitesse de véhicules rutilants et vrombissants, soulevant la poussière et crachant le feu, que promet de filer ce nouvel opus. Car, dans le contexte d'un divertissement hollywoodien pour l'essentiel vendu aux fonds verts et autres subterfuges numériques, qui permettent de donner forme aux paysages les plus insensés et de libérer les corps des contraintes de la gravité, le travail de Miller fait figure d'exception.
À rebours des récits super-héroïques qui encombrent les écrans, lissent les formes du blockbuster et en banalisent les exploits, l'auteur s'astreint, dans la mesure du possible, à composer avec la matérialité de son environnement et de ses interprètes. Jusqu'à se voir accuser d'endommager ses décors naturels... C'est par la préparation patiente des scènes d'action, puis par le travail du cadre et du découpage, que Miller donne corps à ses visions. Récit bien de son temps, jusque dans le tableau d'un futur post-apocalyptique dans lequel les ressources naturelles viendraient à manquer, Furiosa promet, dans le même temps, de revenir aux fondamentaux du cinéma : la mise en scène de corps dans un espace donné.
Furiosa : Une saga Mad Max, sortie le 22 mai 2024 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
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