[critique] Iris et les hommes : Le Diable au corps
Quatre ans après Antoinette dans les Cévennes, le duo formé par Caroline Vignal et Laure Calamy revient sur grand écran avec une comédie dont le désir charnel occupe le centre de l'attention.
Mère de deux filles et dentiste réputée, Iris voit son couple se déliter : plus aucune passion n'existe entre elle et son mari. Le temps du film est celui d'une reconquête, entre nouveaux outils de rencontres et révélation d'une libido retrouvée, dans une multiplication des formes cinématographiques enthousiasmante.
Une grande partie des interactions du film épouse les formes de communication les plus contemporaines, que ce soit les textos envoyés par smartphone, ou les applications de rencontres dont les notifications rythment le film comme autant de ponctuations et de gags.
La narration s'adapte à la métamorphose d'Iris, de femme complexée et malheureuse, à une joie retrouvée dans l'expérimentation des sens qui révèle des failles existantes loin du bonheur affiché par ce couple bourgeois de la rive gauche parisienne. Une scène en particulier permet de comprendre la profondeur du traumatisme, quand Iris se heurte à sa fille aînée qu'elle trouve trop prude et proche de ses parents, à rebours de bien des comédies populaires où les parents passent le plus clair de leur temps à courir après l'attention de leurs enfants. Chez Caroline Vignal, c'est la mère de famille retrouvée qui donne une leçon d'épanouissement à la génération des adolescents.
Une éducation sentimentale
Si dans Iris et les hommes, il est question de désir, il est aussi question d'amour. Le film offre à voir une renaissance au sein même de ce couple bourgeois qui a pris du plomb dans l'aile, à trop prendre pour acquis ce qui doit être renouvelé chaque jour. Ici encore, c'est grâce à tout le talent de Laure Calamy qu'on arrive à accepter la « réactivation » du couple qu'elle forme avec Vincent Elbaz, délaissant enfin son clavier et son activité salariée pour retrouver une attirance pour celle avec qui il a construit une famille. La jonction entre désir et amour pour cette femme est tout l'intérêt de cette histoire, construit avec finesse et beaucoup de sensibilité.
Iris et les hommes, sortie le 3 janvier 2023 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
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