[critique] Juliette au printemps : Un nouveau portrait de femmes signé Blandine Lenoir

Après Aurore et Annie Colère, Blandine Lenoir, réalisatrice habituée des portraits de femmes, propose un quatrième long métrage adapté du roman graphique de Camille Jourdy, Juliette, les fantômes reviennent au printemps.
C'est la première fois que Blandine Lenoir ne travaille pas sur un scénario original. Elle garde pour autant tous les ingrédients de son cinéma, à la fois populaire et féministe.
Juliette est une illustratrice de livres pour enfants. Cette jeune trentenaire se retrouve perdue et incapable d'avancer dans sa vie. Pour se changer les idées, elle décide de passer quelques jours en famille. Elle y retrouve une sœur hyperactive, un père pudique et une mère excentrique. Des secrets de famille vont alors remonter à la surface.
Un film positif et joyeux évoquant la dépression
Au centre de cette chronique familiale sous forme de film choral, il y a la légèreté des décors champêtres avec un rythme de comédie insufflé par des dialogues soignés et des personnages iconoclastes parfaitement caractérisés. On est dans un bucolisme plaisant qui semble idyllique. Pourtant, derrière l’énergie positive de ces retrouvailles familiales se cachent de lourds sujets inavoués. En particulier, Juliette, à l’allure pétillante, se retrouve avec un mal-être insidieux. Sans comprendre, elle a le sentiment de stagner. Elle n’a plus ses règles depuis plusieurs mois, signe d’une dépression profonde que le film appréhende avec nuance et sensibilité.
Pour interpréter ce premier rôle, Izïa Higelin est d’une douceur implacable. Autre personnage clé du film, à l’opposé de sa sœur cadette, Marylou est la version hyperactive. Mère de deux enfants, ne trouvant plus l’épanouissement dans son couple, elle tient pourtant la famille élargie à bout de bras. Sa carapace porte cependant, elle aussi, un lourd fardeau inconscient. Dans la peau de ce superbe personnage, l’actrice Sophie Guillemin, d’une prestance remarquable, prend ici toute la lumière. La comédienne, dont c’est le plus grand rôle au cinéma à ce jour, se met courageusement à nu dans des scènes d’amour loin des stéréotypes cinématographiques. Juliette au printemps est une œuvre délicate et touchante, qui confirme le talent de Blandine Lenoir pour les portraits féminins. Le film insuffle une note d'espoir et de renouveau, à l'image du printemps évoqué dans son titre.
Juliette au printemps, sortie le 12 juin 2024 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
En misant sur la subtilité, Rúnar Rúnarsson a su empreindre de tendresse ce récit initiatique aux accents déchirants, lui insuffler une énergie porteuse d’espoir et rendre son film lumineux malgré la tragédie qu’il relate.
Une œuvre ample et terrible, où l’intelligence de la mise en scène rivalise avec la recherche technique, qui a été récompensée par un Lion d’argent et trois Golden Globes.
Chaque année, le Prix Alice Guy récompense un film réalisé par une femme et de production majoritaire française. Découvrez les cinq finalistes en 2025 et les personnalités composant le jury.
Avec son film Maria, Pablo Larraín plonge dans les derniers jours de Maria Callas, icône de l’opéra, incarnée par une Angelina Jolie qui signe son grand retour au cinéma après trois ans d’absence.