[critique] La Beauté du geste : Le monde du silence
Adaptation du journal de la boxeuse professionnelle Keiko Ogasawara, La Beauté du geste est le premier film du réalisateur Sho Miyake à atteindre les salles françaises.
Tourné en pellicule 16 mm, ce qui donne un grain tout particulier à l'image du film, c’est un portrait de vie convaincant et délicat. Avec une ligne épurée, cette autobiographie sublime son sujet par ses détails et son ton sensible.
À 39 ans, Sho Miyake appartient à la génération montante du cinéma japonais qui commence à fleurir jusque dans nos paysages européens, très attaché à retranscrire au plus près le Japon contemporain. C'est au handicap que s'attaque le réalisateur de Sapporo, Keiko étant la première boxeuse professionnelle sourde de son pays.
Toute l'intelligence de cette histoire est de taire les évidences pour se concentrer sur le quotidien, laissant en hors-champ les questionnements autour du personnage principal. Les gestes répétés à l'entrainement, les combats, les courses en pleine ville, c'est ce qui occupe la caméra bien plus même que les considérations économiques, physiques, avec en toile de fond la présence des masques, stigmates de cette année 2021.
Le « noble art » comme langage
Économe dans ses effets, le récit présente pourtant dans ses marges une réalité bien plus sombre. La maladie et la difficulté de vivre sont omniprésents, et au-delà de l'acceptation de Keiko dans son club, on perçoit toute la difficulté qui est la sienne pour être respectée dans son quotidien par une société japonaise qui est si peu inclusive pour les personnes handicapées.
Ce que cache également le film, mais qui finit par se dégager avec force, c'est la volonté de tous les personnages secondaires de lui faire une place. Le fondateur du club de boxe, bien que contraint à fermer son établissement pour raison de santé, n'a de cesse de lui trouver un point de chute. Cette petite structure a fait office de famille, résistant à sa manière contre l'impossibilité affichée pour une personne mal entendante d'être sportive professionnelle dans un milieu dit « valide ». Le titre du film est dès lors à prendre au premier degré, la beauté se retrouvant dans chacun et chacune, dans une volonté d'ouverture magnifique qui sonne comme un très beau message d'espoir.
La Beauté du geste, sortie le 30 août 2023 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
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