[critique] Le Comte de Monte-Cristo : Le soleil noir de la vengeance
Le duo Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte fait montre de son sens du romanesque et livre une fresque pleine de souffle qui nous emporte près de trois heures durant.
Après avoir écrit le scénario du diptyque des Trois mousquetaires, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte poursuivent leur exploration de l’œuvre de Dumas père avec ce Comte de Monte-Cristo dont ils signent également la réalisation.
On a perdu le compte des comtes… Avec cette nouvelle adaptation du classique de Dumas au cinéma, on devrait dépasser la vingtaine. Pour ce troisième film ensemble, de La Patellière et Delaporte s’emparent donc de la troublante histoire d’Edmond Dantès, comment il vécut, comment il est mort, pour reprendre les paroles d’une célèbre balade. Mais surtout entre les deux, comment il fut trahi, comment il se vengea.
L’histoire est connue : le jeune marin Edmond Dantès, victime d’un complot, est arrêté le jour de son mariage avec la si convoitée Mercédès. Dans la France du début du règne de Louis XVIII, les notables font la chasse aux bonapartistes, et le jeune homme se voit condamné pour un crime qu’il n’a pas commis. Il passera quatorze ans dans un cul de basse-fosse du château d’If. Après une évasion périlleuse, il revient richissime et sous l’identité du comte de Monte-Cristo. Son obsession : se venger des trois hommes qui l’ont trahi.
Noirceur très contemporaine
L’histoire foisonnante, d’abord publiée en feuilleton en 1844-45, explore tous les genres : de la tragédie à la grande histoire romantique, en passant par l’aventure, l’amitié, la trahison, la folie. Le scénario brasse avec maestria cette grande variété de registres, jouant sur des variations de rythme et d’intensité dramatique. Si bien qu’on ne voit pas passer les 2h55 que dure le film. La production luxueuse (le plus gros budget français de l’année, plus de 40 millions d’euros) se savoure dans des décors vertigineux, le château des 1001 nuits du comte, l’île de Montecristo… C’est d’un classicisme aussi puissant qu’élégant.
Dans le rôle-titre, Pierre Niney succède avec brio à Jacques Weber, Gérard Depardieu ou Jim Caviezel. L’acteur césarisé tient ici le grand rôle populaire auquel il aspirait. En imprimant une noirceur très contemporaine au personnage, il accroît même son aura. A ses côtés, le casting est impeccable. Au charme touchant d’Anaïs Demoustier répond le trouble hypnotique d’Anamaria Vartolomei. Quand Laurent Laffite, Patrick Mille et Bastien Bouillon (fascinant comte de Morcerf) campent un trio de méchants délectable.
Le Comte de Monte-Cristo, sortie le 28 juin 2024 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
Michel Hazanavicius (OSS 117, The Artist, Coupez !) réalise son premier film d'animation. Le cinéaste, qui avait toujours dit ne pas vouloir faire de film sur la Shoah, adapte finalement le conte de Jean-Claude Grumberg.
Un avocat, atteint d’un mal étrange appelé la « folie des sentiments », plaque famille et métier pour partir sur les routes. Il se laisse guider par ses envies – acheter une trompette, par exemple – et par ses rencontres...
Le nouveau film de Coralie Fargeat, Prix du scénario à Cannes, pousse dans ses ultimes retranchements le fantasme de jeunesse éternelle véhiculé par Hollywood.
Filmant les contradictions de l'Amérique, Sean Baker montre un pays toujours à mi-chemin entre le parc d'attractions et la jungle. Palme d'or du Festival de Cannes 2024.