[critique] Maria : Le retour magistral d’Angelina Jolie
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Avec son film Maria, Pablo Larraín plonge dans les derniers jours de Maria Callas, icône de l’opéra, incarnée par une Angelina Jolie qui signe son grand retour au cinéma après trois ans d’absence.
Après Jackie (2016) et Spencer (2021), le réalisateur chilien conclut sa trilogie consacrée aux femmes iconiques du XXᵉ siècle, avec un portrait à la fois somptueux et introspectif.
Paris, septembre 1977. La diva vit ses derniers jours dans un appartement luxueux, tiraillée entre souvenirs glorieux et hallucinations provoquées par les médicaments. Entourée uniquement de son majordome dévoué, Ferruccio, et de sa gouvernante Bruna, la cantatrice s’exerce pour retrouver une partie de sa voix légendaire tout en repensant à un passé tumultueux, notamment sa relation passionnée avec Aristote Onassis.
Une artiste consumée par sa quête de perfection
Fidèle à son approche intimiste, Pablo Larraín s’attaque ici au portrait de l’une des plus grandes cantatrices du monde, mettant en lumière l’humain derrière le mythe. Par d’élégants flashbacks, Maria esquisse le portrait d’une femme blessée, suspendue entre la grandeur de son passé et la désillusion de son présent. Angelina Jolie, à la hauteur de l’exigence de l’artiste qu’elle incarne, s’est préparée pendant sept mois, se formant aux bases du chant lyrique pour s’approcher au plus près de la diva. Elle transcende son rôle avec une justesse impressionnante. Jouant tout en retenue sur les regards et sur les gestes les plus ténus, son interprétation révèle avec finesse la dualité d’une femme à la fois imposante et vulnérable.
Edward Lachman, à la photographie, magnifie un Paris d’antan sous sa forme automnale avec des teintes chaudes et enveloppantes. La musique occupe naturellement une place centrale. La partition de John Warhurst, mêlée aux morceaux les plus emblématiques de la « Voix du siècle », donne au film une dimension émotionnelle irrésistible. Les scènes de répétition, situées dans un opéra vide, où la voix d’Angelina Jolie s’unit subtilement à celle de la véritable Callas, nous invitent avec délicatesse au cœur de la tragédie intime de la cantatrice. Ces moments suspendus cristallisent l’essence du portrait que Larraín fait de Maria Callas à ce moment de sa vie : celui d’une artiste consumée par sa quête de perfection, mais dont l’éclat persiste au-delà du temps. Avec Maria, le cinéaste chilien offre une ode poignante à la résilience et à la beauté éternelle de l’art, portée par une Angelina Jolie au sommet de son talent.
Maria, sortie dans les salles le 5 février 2025 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
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