[critique] Noël à Miller's Point : Esprit de famille, es-tu là ?

Tyler Taormina est l’une des nouvelles figures du cinéma indépendant américain contemporain. Il multiplie ces temps-ci les projets, parmi lesquels ce Noël à Miller’s Point, nouvelle pierre d’un édifice d’ores et déjà très ambitieux.
La première impression produite par le film est celle d’un vertige, les retrouvailles d’une famille - grands-parents, cousins, tantes, oncles… - dans une grande maison évoquant un tourbillon dans lequel on perd très vite ses repères...
Film choral s’il en est, Noël à Miller's point introduit tant de nouveaux personnages, et avec une telle célérité, qu’il faut bientôt renoncer à l’idée de comprendre précisément quelle est la place de chacun. Mieux vaut se laisser embarquer dans la folie d’un moment de fête qui, toutefois, ne tardera pas à laisser pointer l’amertume. Mais si le récit, dans une forme d’ivresse narrative, ne cesse d’introduire de nouveaux arrivants, on s’attache malgré tout facilement aux personnages. C’est par le jeu des générations qu’un début de compréhension se dessine. La maison est celle de la matriarche, dont les enfants s’inquiètent de la lente détérioration physique. Entre deux passages à la cuisine, échanges de cadeaux et amusements partagés par les plus jeunes, on s’aperçoit que de lourdes décisions sont à prendre... Le film s’attache aussi à observer les rites de l’adolescence. Les plus jeunes font le mur, dans une scène d’évasion d’un beau classicisme, et s’initient aux choses de la vie avec une pudeur et une candeur touchantes.
Quand humour et gravité font bon ménage
Pour s’élever au-dessus du déjà-vu, du déjà-raconté, le cinéaste distille une forte dose d’humour et d’ironie. En dépit de la gravité des thèmes abordés, le récit ne devient jamais lourd ou déprimant. Vif, dynamique, le film tient son rythme de bout en bout, imbriquant à merveille les pièces de cette vaste mosaïque générationnelle. Faire cohabiter un casting si pléthorique (on relève au passage la présence de Francesca Scorsese et de Sawyer Spielberg, fille et fils de…), tout en menant un récit enlevé, prenant et mâtiné d’un humour vivifiant, c’est en soi une prouesse, mais aussi un ravissement.
Noël à Miller's Point, sortie le 11 décembre 2024 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
En misant sur la subtilité, Rúnar Rúnarsson a su empreindre de tendresse ce récit initiatique aux accents déchirants, lui insuffler une énergie porteuse d’espoir et rendre son film lumineux malgré la tragédie qu’il relate.
Une œuvre ample et terrible, où l’intelligence de la mise en scène rivalise avec la recherche technique, qui a été récompensée par un Lion d’argent et trois Golden Globes.
Chaque année, le Prix Alice Guy récompense un film réalisé par une femme et de production majoritaire française. Découvrez les cinq finalistes en 2025 et les personnalités composant le jury.
Avec son film Maria, Pablo Larraín plonge dans les derniers jours de Maria Callas, icône de l’opéra, incarnée par une Angelina Jolie qui signe son grand retour au cinéma après trois ans d’absence.