[critique] Sans jamais nous connaître : Une histoire d’amour et de fantômes

© (FSC: MK)/Chris Harris/Chris Harris

Le réalisateur britannique Andrew Haigh témoigne une fois encore de son immense talent pour un cinéma de l’intime aussi subtil que poignant.

L’Irlandais Andrew Scott, célèbre Moriarty de la série Sherlock (2010-2017), rencontre son compatriote Paul Mescal, révélé par la mini-série Normal People (2020), dans une romance fantasmagorique pleine de tendresse et de mélancolie. Le réalisateur britannique Andrew Haigh (Week-end, 45 ans, La Route sauvage) témoigne une fois encore de son immense talent pour un cinéma de l’intime aussi subtil que poignant.

Adam, scénariste d’une quarantaine d’années, mène une vie solitaire dans une tour londonienne dont la plupart des appartements sont inoccupés. Un soir, son unique voisin Harry frappe à sa porte. Ivre, il tente de s’inviter chez lui pour tromper la solitude et le silence. Adam le repousse. Peu à peu, cependant, il laisse le jeune homme pénétrer dans son univers et y apporter la chaleur qui lui manquait.

Parallèlement, Adam tente d’écrire au sujet de son passé. Alors que ses pas le conduisent vers la ville de banlieue où il a grandi, il trouve sa maison d’enfance encore habitée par son père et sa mère, qui semblent avoir le même âge qu’au jour de l’accident qui les a emportés trente ans plus tôt. À mesure qu’il noue avec Harry une relation de plus en plus intense, Adam refait la connaissance de ses jeunes parents et s’ouvre à eux comme jamais il n’a eu le loisir de le faire.

Réparer les déchirures intimes : un drame mystérieux et doux

Pour ce nouveau long-métrage, Haigh s’est librement inspiré du roman Présences d’un été (1987), de l’auteur japonais Taichi Yamada. Sans se complaire dans un sentimentalisme facile, le cinéaste filme avec une grande délicatesse et un sens aigu des dialogues les tâtonnements de ces retrouvailles par-delà le temps et la mort. La somptueuse photographie de Jamie D. Ramsay confère à l’ensemble une qualité onirique.

Interprété par Jamie Bell (Billy Elliot) et Claire Foy (The Crown), le couple parental accueille cette étrange situation comme si elle allait de soi. Ils découvrent avec curiosité leur fils désormais adulte. Adam peut alors leur révéler son homosexualité, accomplissant ce difficile rite de passage dont la vie l’avait privé. À cette confrontation éprouvante mais libératrice répond la présence apaisante de Harry, avec qui il forme un couple magnétique. Âmes en peine oubliées du monde, ils se réconfortent mutuellement, soulagent les terreurs et les chagrins qui les tenaillent. Les quatre acteurs incarnent à la perfection un éventail d’émotions complexes, livrant un film sensuel et déchirant.

Sans jamais nous connaître, sortie le 14 février 2024 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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Le film plonge dans l’intimité de trois hommes – un père et ses fils – soudés par leur affection mutuelle, mais déchirés par d’insurmontables désaccords politiques.

Ce deuxième long métrage d’animation en pâte à modeler de Adam Elliot est un pur chef-d’œuvre d’animation, abordant des thèmes difficiles (le deuil, la séparation…), qu’un humour corrosif et une tendresse infinie rendent bouleversants et lumineux.

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