[critique] The Insider : L'Ennemi intime

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Avec ce thriller intimiste, Steven Soderbergh signe un nouvel exercice de style réjouissant et à la mise en scène ciselée.

Un couple d’espions peut-il durer ? Deux experts dans l’art de la dissimulation peuvent-ils parvenir à se faire confiance ? C’est précisément ce à quoi tente de répondre le nouveau film de Steven Soderbergh, dans lequel un agent chevronné est amené à suspecter sa propre femme de trahir son pays. Pour ce professionnel pourtant habitué à tout cloisonner, la distinction entre devoir, jalousie et paranoïa devient plus floue que jamais…

Si l’on a déjà pu voir des couples d’espions au cinéma, c’était plutôt dans des films d’action peu réalistes et au ton léger, tels que True Lies (1994, James Cameron) ou Mr. et Mrs. Smith (2005, Doug Liman). Ici, la situation est beaucoup plus ancrée dans le réel, et la tension est palpable dès le plan séquence qui ouvre le film. Dans cette introduction brillante, où l’on retrouve l’élégante sophistication propre au cinéaste, le personnage de George, incarné par Michael Fassbender, apprend que le nom de sa femme figure sur une liste de cinq agents susceptibles d’être « la taupe ».

Débute alors une partie d’échecs à haut risque pour cet espion qui n’a qu’une semaine devant lui pour tenter, espère-t-il, de disculper son épouse. Haletant, captivant, The Insider bénéficie de l’écriture aussi efficace que retorse du scénariste David Koepp (Jurassic Park, Mission : Impossible, Snake eyes), qui sur un canevas assez classique brode un ensorcelant jeu de dupes, tout en psychologie.

Un casse-tête raffiné

Comme toujours chez Soderbergh, le film a de l’allure. Une bonne partie du long-métrage, la photographie baigne dans une laque mordorée qui semble souligner l’artificialité des relations entre les personnages, tous agents des services secrets. Les mouvements de caméra, d’une précision chirurgicale, donnent la sensation d’évoluer dans un labyrinthe. Tout cela sans poursuites en voiture, sans bagarres ni gadgets explosifs. Les pièges et les empoignades sont ici concentrés dans le langage. Enfin, jusqu’à un certain point…

Mais ce qui donne toute sa sève à cette vertigineuse partie de cache-cache, ce sont les interprètes. Cate Blanchett et Michael Fassbender sont tous deux absolument remarquables, et donnent une véritable épaisseur à leurs personnages comme à leur couple. On y croit immédiatement, et on tremble comme George à l’idée de découvrir que sa femme Kathryn est peut-être une traitresse… Avec ce thriller intimiste, Soderbergh signe un nouvel exercice de style réjouissant et à la mise en scène ciselée.

The Insider, dans les salles le 12 mars 2025 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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