La Petite Bande : cinq mômes en colère [critique]

Le film fait passer le message écologique en le glissant entre les rebondissements d’une réjouissante comédie d’aventure, qui parle aux enfants avec respect et intelligence.
D’abord par jeu et par fanfaronnade, puis sérieusement, quatre collégiens (bientôt rejoints par un cinquième, plus petit) se lancent dans le projet de mettre le feu à l’usine qui pollue la rivière de leur petit village corse. Les choses ne vont évidemment pas se passer comme prévu.
Presque aussi sûrement que le polar, le film pour enfants (ou “d’enfance”) tend à devenir un genre auquel les cinéastes ressentent à un moment ou un autre le désir de se confronter. Cette fois, après notamment (et en vrac) Martin Scorsese, Roman Polanski, Cédric Kahn, Michel Deville, Tim Burton, Michel Gondry, Alain Chabat ou Alfonso Cuaron, c’est donc au tour de Pierre Salvadori de s’y frotter. Revenant dans la Corse de sa propre enfance, il échafaude un scénario quadrillé par les références aux classiques du genre, de Stand by Me à Stranger Things, en passant par Les Goonies, La Nuit du chasseur, le Club des 5 et les contes de Perrault, mais dans lequel circule aussi librement son propre univers.
Que ce soit, par exemple, dans Les Apprentis, Après vous... ou En liberté, ses personnages étaient jusqu’ici toujours des adultes un peu gauches, lestés d’une trop grande part d’enfance qui les déséquilibrait, les rendant maladroits, grotesques ou touchants : ici le processus s’inverse. Les héros de cette histoire sont, au contraire, des enfants qui se jettent dans le grand bain du monde adulte sans avoir encore appris à y nager, et qui, pour garder la tête hors de l’eau, se débattent en appliquant les règles des jeux d’enfants à des situations tout à fait réelles et objectivement dangereuses.
Les Apprentis-écolos
Si Salvadori nous offre le plaisir de renouer avec l’atmosphère intemporelle des récits d’aventures enfantins, il l’ancre également dans le contemporain en y incluant le thème de l’écologie. Ainsi, le projet de détruire une usine polluante se substitue ici à la quête d’un trésor. Équipés uniquement d’une cabane dans les bois, de masques fabriqués à la main et d’un canot pneumatique, la petite bande part à l’assaut du monde des adultes, coupables de saccager la nature comme des sales gosses. Sans prêchi-prêcha, sans mièvrerie ni simplisme, le film fait tout de même passer le message, en le glissant entre les rebondissements d’une réjouissante comédie d’aventure, qui parle aux enfants avec respect et intelligence.
La Petite Bande - Sortie le 20 juillet 2022 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
En misant sur la subtilité, Rúnar Rúnarsson a su empreindre de tendresse ce récit initiatique aux accents déchirants, lui insuffler une énergie porteuse d’espoir et rendre son film lumineux malgré la tragédie qu’il relate.
Une œuvre ample et terrible, où l’intelligence de la mise en scène rivalise avec la recherche technique, qui a été récompensée par un Lion d’argent et trois Golden Globes.
Chaque année, le Prix Alice Guy récompense un film réalisé par une femme et de production majoritaire française. Découvrez les cinq finalistes en 2025 et les personnalités composant le jury.
Avec son film Maria, Pablo Larraín plonge dans les derniers jours de Maria Callas, icône de l’opéra, incarnée par une Angelina Jolie qui signe son grand retour au cinéma après trois ans d’absence.