[critique] Le Roman de Jim : les Larrieu au sommet

© Pyramide Distribution

Aymeric tombe amoureux de Florence alors qu’elle est enceinte de six mois. Il élève avec un amour infini l’enfant, Jim, qu’il n’a pas reconnu. Mais bientôt le père biologique revient dans le jeu. L’absence de statut légal de ce père plus vrai que le vrai va séparer Aymeric de Jim...

Natifs de Lourdes, les frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu affectionnent la randonnée et la montagne, qui est présente dans pratiquement tous leurs films. Et de fait la question du « point de vue » est au cœur de leur cinéma. Notamment à travers une façon d’envisager les relations familiales ou de couple en faisant un pas de côté, en prenant un peu de hauteur pour les repenser en dehors des schémas sociaux conventionnels. Prolongeant, après Tralala, une réflexion sur lien filial décorrélée de la question du lien de sang, Le Roman de Jim, comme l’essentiel des films des Larrieu, invite, avec tendresse, humour et délicatesse, à repenser les relations en s’appliquant à être exigeant et imaginatif, pour sortir de la mécanique des habitudes et de la reproduction.

Un mélo sans tralala

Même si leurs films conservent avec constance une apparence assez familière de cinéma d’auteur intimiste à la française, les Larrieu ne cessent en réalité de se balader hors de leur zone de confort, en faisant des escapades à travers les genres, comme on essaie des sentiers de randonnée que l’on a jamais empruntés. Ainsi ces dernières années ils ont pu traverser, et mettre à leur sauce, aussi bien le film d’anticipation (Les Derniers Jours du monde), que le thriller (L’amour est un crime parfait), le film érotique (21 Nuits avec Pattie) ou la comédie musicale (Tralala).

Aujourd’hui, c’est au mélodrame qu’ils se confrontent. Mais à l’inverse de la démarche, par exemple, d’un François Ozon, leur approche du genre n’est jamais un jeu sur les codes. Au contraire, ils s’appliquent à délester le mélo de tout son folklore référentiel, et n’en gardent que le cœur, c’est-à-dire l’émotion. Presque l’air de rien, celle-ci monte en puissance. Et finalement, sans violons, sans technicolor, sans grandes phrases et sans envolées lyriques, Le Roman de Jim réussit à s’imposer comme le mélo le plus poignant qu’il nous ait été donné de voir depuis longtemps.

Le Roman de Jim, sortie le 14 août 2024 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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