Rodeo [critique] : Une quête de soi à toute allure
Julia, jeune femme un peu perdue, infiltre un groupe de motards clandestins adepte de rodéos. Un récit d'émancipation touchant et nerveux, où la joie se mêle au drame.
Rodeo, présenté au festival de Cannes 2022 dans la sélection Un Certain Regard, où il a fait grand bruit, démarre pied au plancher, comme pour montrer par l'exemple le tourbillon de vitesse qui va animer la vie de Julia, jeune femme passionnée de moto et prête à tout pour trouver sa place dans un milieu d'hommes. Pour cela, elle vivote entre petits boulots et arnaque sur Internet, où elle dépouille des hommes aisés de leurs motos, prétextant un tour rapide et disparaissant sans laisser de traces. Mais Julia rêve grand : elle veut rejoindre les Dirty Riderz Crew, un groupe de motards qui pratiquent le rodeo clandestinement... Mais très vite, la mort accidentelle d'un rider, à la suite d'une descente de police, va montrer à Julia que cette quête émancipatrice peut très vite tourner au drame, et les amitiés virer à la jalousie la plus féroce.
Lola Quivoron, dont c'est le premier long-métrage, joue avec une grande finesse entre le chaos de la vie de Julia, filmée caméra au poing, et le ballet urbain des motos, instant apaisant où elle peut enfin se montrer telle qu'elle est vraiment. Si les couleurs de la ville sont ternes, c'est pour mieux faire ressortir le fluo des tenues des motards. Rodeo traite par ailleurs avec intelligence du sujet, particulièrement médiatisé actuellement, des rodéos urbains, qui ici sont pratiqués sur des routes désertes et hors des axes d'habitations : si la pratique n'est pas idéalisée (le chef du groupe se comporte comme un chef mafieux), il s'en dégage une certaine grâce, autant qu'une idée de communauté pour ces jeunes souvent désœuvrés qui y trouvent, à l'instar de Julia, une famille d'adoption.
Rodeo : un western moderne ?
Rodeo, jusque dans son titre qui rappelle les grands espaces américains, se dévoile au fur et à mesure comme un western moderne (à ceci près que le Far West est plutôt Far Ouest, puisque le film est tourné en Gironde !), mais qui prendrait place du côté des oubliés de l'Histoire, bandits ou Indiens. Des bandes rivales s'affrontent, on joue au chat et à la souris avec les représentants de l'ordre, et, au coin du feu, on rêve de partir avec le butin d'une diligence... Rodeo se place à mi-chemin entre le film de genre et le récit naturaliste, et brosse ainsi le portrait, électrique et émouvant, d'une femme qui apprend à grandir grâce aux autres.
Rodeo - Sortie le 7 septembre 2022 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
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