Sakra [critique] : Le blockbuster à la chinoise
Donnie Yen, acteur légendaire du cinéma d’arts martiaux depuis bientôt quarante ans, passe pour la première fois derrière la caméra pour adapter un grand classique du roman d’aventure chinois.
Il livre, plus de vingt ans après le succès mondial de Tigre et Dragon, une épopée historique haute en couleurs.
Le wuxiapian – communément traduit par « film de sabre chinois » - est un genre cinématographique majeur en Chine. Souvent tiré de sagas littéraires à succès, il met en scène des aventures fantastiques inspirées de contes et légendes fourmillant de héros, dieux et démons en tous genres. Sur une toile de fond historique inspirée des rivalités entre dynasties qui ont jalonné l’histoire de la Chine médiévale, le film aborde les grands thèmes classiques qu’on retrouve dans toute mythologie : l’honneur, la trahison, la quête de ses origines, la construction d’un amour éternel, l’apprentissage et la fidélité aux anciens, le respect et la transmission des traditions, etc.
À travers une impressionnante galerie de personnages aux multiples récits parallèles, le film tisse un ambitieux et tourbillonnant drame historique, où les parcours individuels des héros se trouvent pris dans d’épiques et universels enjeux.
Une éblouissante expérience visuelle
Après deux décennies dominées par les films de super-héros américains, difficile de ne pas voir en Sakra une alternative bienvenue aux franchises Marvel – auxquelles Donnie Yen lui-même compare, à raison, son film. Car l’œil du spectateur est ici perpétuellement stimulé : que cela soit par la beauté des paysages et décors, la magnificence des costumes, l’ambition des effets spéciaux ou l’ampleur des mouvements de caméra, le réalisateur nous propose un véritable feu d’artifice visuel, rythmé et coloré, aussi spectaculaire qu’entraînant.
Les combats sont proprement époustouflants, mêlant le réalisme des arts martiaux traditionnels à un aspect fantastique assumé : les personnages, tout en faisant la démonstration d’incroyables prouesses physiques, sont également capables de voler ou de lancer des boules de feu. Porté par des mouvements de caméras modernes et immersifs, c’est ainsi à une autre forme de combats, plus proches d’un ballet dansé et aérien que d’un rugueux match de boxe, que le film nous propose d’habituer notre œil.
Sakra, la légende des demi-dieux, sortie le 10 mai 2023 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
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