Te Deum en miroir : double programme
L’ensemble Les Surprises de Louis-Noël Bestion de Camboulas met à l’honneur deux Te Deum du Grand Siècle dans le concert Te Deum en miroir à l’Auditorium du Louvre le 1er février.
À l’écart de la Cour
Un duel de Te Deum, voilà un évènement peu commun. À ma gauche, celui célèbre de Marc-Antoine Charpentier, à ma droite, celui totalement inédit d’Henry Desmarets. « Ces deux compositeurs sont restés dans l’ombre de Lully. S’il a été beaucoup joué à son époque, Charpentier n’était pas dans le cercle officiel de Versailles. Desmarets n’a pas eu la carrière qu’il méritait et a connu une histoire mouvementée, puisqu’il a été contraint de quitter la Cour et a même dû s’exiler pour éviter d’être pendu. Tous les deux ont emprunté des chemins de traverse » raconte Louis-Noël Bestion de Camboulas. Preuve notamment de cet écart, le surnom même du Te Deum de Desmarets, dit « de Lyon », éclaire une « autre manière d’envisager la pratique musicale en-dehors de Paris ».
Charpentier et Desmarets ont finalement beaucoup en commun, de quoi nourrir un dialogue sans doute fertile. « Tous les deux ont un attrait pour la musique italienne, interdite par Lully et Louis XIV, et ils ont cherché des influences là-bas. Ils ont aussi un côté théâtral dans leurs compositions. », explique le chef d’orchestre.
Une redécouverte commune
Fondateur de l’ensemble Les Surprises en 2010, Louis-Noël Bestion de Camboulas a désormais l’habitude de faire connaître des trésors oubliés du répertoire des XVIIe et XVIIIe siècles. Un long travail en bibliothèque, à la recherche de partitions, qui tient « de la fouille », précise cet archéologue de la musique : « C’est excitant de découvrir des squelettes de musique. On a aussi le sentiment d’être des passeurs, de proposer au public une redécouverte commune ».
Le musicien et chef d’orchestre souhaitait mener un projet autour de la musique sacrée. Une évidence s’est vite imposée : le Te Deum de Charpentier, avec l’idée de mettre en avant cette forme singulière. « C’était un passage obligé pour les compositeurs de l’époque, une manière politique de se montrer publiquement, de plaire au prince. Recevoir une commande pour un Te Deum était très important » relate-t-il. Puis de confier son plaisir d’interpréter de telles pièces dans notre période actuelle, pas toujours joyeuse : « C’est une musique flamboyante, vivifiante, qui même si elle relève du sacré se rapproche de la danse. Elle fait du bien, donne de l’élan ». Un duel qui s’annonce donc festif, à découvrir dans l'Auditorium du Louvre.
→ Te Deum en miroir à l'Auditorium Michel Laclotte le 1er février 2023
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