[critique] Le Malade imaginaire en la majeur : Accords parfaits !

« Le poumon, le poumon, vous dis-je. » : la réplique est aussi célèbre qu’est savoureux le régime préconisé par Toinette, cherchant à réconcilier son maître avec la jouissance, à grands renforts « de bon gros bœuf ». Du souffle, de la virtuosité et du plaisir : tels sont les ingrédients avec lesquels Raphaël Callandreau concocte sa délicieuse adaptation musicale du Malade imaginaire. Cécile Dumoutier (Toinette et Béline), Marion Peronnet (Angélique), Arnaud Schmitt (Argan) et Simon Froget-Legendre (dans tous les autres rôles et au piano) y excellent !

Rien que du talent !

Quelques accessoires et une chaise : seule la scénographie fait maigre ! Le talent virevoltant des interprètes anime cette farce désopilante avec entrain. La vaillante Toinette lutte contre Argan, à l’hypocondre fragile et à l’égoïsme infantile. La servante au grand cœur empêche les Diafoirus de ruiner les amours d’Angélique autant que la santé de son père. Le bon sens recommandant de bien vivre tant qu’il en est encore temps, la verve moliéresque, mise en chansons et saillies hilarantes, rappelle que les onguents inutiles et les pastilles miraculeuses ne servent qu’à berner les naïfs et enrichir leurs gourous. Avis aux neurasthéniques qui n’ont pas encore compris que l’amour est le meilleur des médicaments !

Un cordial tonique

L’adaptation du texte est épatante de finesse et de piquant ; les arrangements musicaux sont superbes. Les lumières d’Aurélien Saget permettent des changements d’ambiance en un clin d’œil. La rencontre entre la comédie musicale et un des phares du théâtre français fait merveille : miraculeux traitement pour les plus jeunes si l’on veut leur faire découvrir les joies du théâtre et le génie de Molière. Les acteurs dynamitent le quatrième mur, plaisantent avec la régie, rient et font rire avec esprit des artifices de la scène et de la distanciation. Tout est aussi subtil que pétillant, plaisant, charmant et, n’en déplaise aux tristes sires : vivant, follement vivant !

Le Malade imaginaire en la majeur au Théâtre du Lucernaire : réservez vos places avec L'Officiel des spectacles