[expo] André Steiner au MahJ : le corps dans tous ses exploits

André Steiner, Lily Steiner, 1934, Chalon-sur-Saône, musée Nicéphore Niépce © Martine Husson, Nicole Steiner-Bajolet

En cet été sportif, le musée d’art et d’histoire du Judaïsme consacre une exposition au photographe André Steiner et à ses clichés mettant le corps au centre du regard.

Il y a près d’un siècle, alors que le sport, et le spectacle qu’il offre, ne cessent d’acquérir de plus en plus d’adeptes, André Steiner s’en fait l’un de ses plus grands témoins. Né au début du XXe siècle en Hongrie, il quitte Vienne en 1928, fuyant l’antisémitisme avec sa femme et modèle Lily. Une fois installé à Paris, son travail photographique prend toute son ampleur lorsqu’il décide de s’y consacrer pleinement. Il est ainsi l’un des premiers à capter la pratique sportive, et y apporte toute la modernité des innovations de la Nouvelle Vision, qui réinvente à cette époque la photographie. Avec son parcours d’une soixantaine de clichés, le musée d’art et d’histoire du Judaïsme rappelle le caractère pionnier de cette œuvre.

Joie sportive

Ancien champion de décathlon et entraîneur de natation, c’est tout naturellement qu’il se met à photographier les corps des athlètes. Engagé pour l’idéal communiste, il capte d’abord le plaisir de la découverte des activités estivales qui s’offrent à la population sur les plages ou au bord des lacs, avec l’instauration des congés payés par le Front populaire en 1936. Cette même allégresse et plénitude semblent ressortir des nombreux clichés de plongeon que réalise André Steiner, montrant ces corps tendus pleins de grâce et d’élan qui paraissent comme en lévitation. Auxquels répondent ses photographies de danseurs et danseuses dont il cherche à attraper la fugacité des mouvements audacieux.

Un homme nouveau

Tandis que la presse pour qui il travaille se passionne pour ces sportifs décrits comme héroïques, les corps de ces derniers fournissent à André Steiner la possibilité de façonner un homme nouveau à même de changer la société. Inspiré par la perfection de la statuaire antique, la photographie de Steiner épouse la précision des musculatures élaborées qu’il met à son tour en scène en usant de nombreuses expérimentations. À l’instar de ses portraits d’athlète, d’escrimeur, de boxeur ou encore d’haltérophile, où le jeu sur la lumière et les ombres apporte une dimension particulièrement théâtrale. Des clichés qui exaltent ces corps dans tous leurs aspects et expressions, et ainsi les immortalisent pour l’éternité.

Exposition André Steiner, Le corps entre désir et dépassement au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, à découvrir jusqu'au 22 septembre 2024

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