[expo] Berthe Morisot à Marmottan : Une impressionniste sous influences

Berthe Morisot (1841-1895), La Fable, 1883, Collection particulière © Christian Baraja SLB

Le musée Marmottan Monet propose de découvrir de façon inédite l’œuvre de la première femme peintre impressionniste. À contre-temps des « modernes » du XIXe dont elle fait pourtant partie, Berthe Morisot nourrissait un goût original pour le siècle précédent. 

Pour explorer ces influences étonnantes, l'exposition « Berthe Morisot et l’art du XVIIIe siècle », à voir jusqu’au 3 mars 2024, confronte ses œuvres et celles de ses maîtres.

Est-ce parce qu’elle est une femme-peintre, chose rare à son époque, qu'on présente toujours Berthe Morisot (1841-1895) par les hommes de son entourage ? Élève de Corot, muse de Manet - dont elle épouse le frère, Eugène, elle devient l’amie des impressionnistes et se lie à Daubigny, Mallarmé, Degas.

À l’inverse, l’exposition propose de se plonger dans un aspect clé de son travail : sa découverte et son goût pour l’art du XVIIIe siècle. Soixante-cinq œuvres rassemblées tissent un pont entre deux siècles. En regard de la production impressionniste de Berthe Morisot, à la touche si captivante et lumineuse, on trouve les toiles et pastels signés Watteau, Fragonard, Boucher et Jean-Baptiste Perronneau. Un héritage qui infuse le style unique de la peintre. Une « anomalie » dira Renoir, à « l’âge du réalisme » qui était le leur.

Palais des glaces

La toile Au bal ouvre l’exposition. Berthe Morisot y peint un modèle dans ses propres atours. Notamment un éventail, au motif de La Bergère et l'oiseleur, que le musée dédouble, en l’exposant auprès de sa reproduction peinte dans le tableau.

Toute l’exposition joue sur le rapprochement et le dialogue entre les œuvres. Elles se regardent, se font écho, comme dans un palais des glaces, à un siècle d’écart. On assiste ainsi à la réunion rarissime d’un portrait au pastel signé Maurice Quentin de La Tour avec la copie qu’Edgar Degas réalisera à l’huile 100 ans plus tard.

L’exposition montre un étonnant portrait de Berthe Morisot à l’âge de 33 ans, réalisé par Adèle d'Affry, duchesse de Castiglione Colonna. « Marcello », de son nom de peintre et de sculptrice en grâce auprès du pouvoir de l’époque, auprès de qui Morisot fut formée.

Sciences et techniques

Aux cimaises, des portraits, des paysages, des scènes galantes, mais aussi des nuques et des épaules qui jaillissent d’un tumulte de dentelles telle Vénus des flots. Morisot s’y emploie grâce à deux techniques. L’huile, comme les impressionnistes, mais aussi le pastel, comme Degas. Ce qui répond à son goût pour l’inachevé, la liberté du geste et la spontanéité des harmonies colorées, dont cette exposition, audacieuse et transversale, permet de rendre la grande richesse.

Exposition Berthe Morisot et l'art du XVIIIe siècle au Musée Marmottan Monet, à découvrir jusqu'au 3 mars 2024

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