[expo] Corps et âmes : Panoptique contemporain

Réunissant une centaine d’œuvres de la Collection Pinault, la Bourse de Commerce expose la représentation du corps dans l’art contemporain, offrant une passionnante exploration des regards.
La Bourse de Commerce propose de découvrir les œuvres qu’elle réunit à la manière dont Dante visite l’Enfer. On passe de cercle en cercle et de bolges en cabinets, en tournant autour de l’immense fosse, au fond de laquelle se tordent les corps des damnés afro-américains et rougeoie le soleil du film d’Arthur Jafa, Love is the Message, the Message is Death. Comme le poète florentin décrit ce que le Créateur inflige aux corps, l’exposition explore la manière dont les artistes contemporains interrogent leurs liens avec l’esprit, par la peinture, la sculpture, la photographie, la vidéo et le dessin.
La forme est le fond
De Rodin à Duane Hanson, de Deana Lawson à Ana Mendieta, de David Hammons à Marlene Dumas, d’Irving Penn à Ali Cherri, une quarantaine d’artistes sont réunis dans les courbes du bâtiment, restauré et aménagé par l’architecte Tadao Ando, dont on découvre une très intéressante présentation du projet au dernier étage. Difficile de séparer le contenu du contenant ; impossible de ne pas admirer le passionnant travail d’intégration du béton moderne à l’architecture civile du XIXᵉ siècle. Comme l’âme est la forme du corps, si on en croit Aristote, l’édifice sert ici non seulement d’écrin, mais aussi de révélateur aux œuvres : c’est en péripatéticien qu’on les découvre, circulant entre les vitrines et rêvant sous les cimaises.
Intelligibilité sensible
« Les formes se métamorphosent, renouent avec la figuration ou s’en affranchissent pour se saisir, retenir et laisser affleurer l’âme et la conscience. Il s’agit non plus d’incarner des formes, mais de capturer des forces et de rendre visible ce qui est enfoui, invisible, d’éclairer les ombres. », dit Emma Lavigne, commissaire de l’exposition. Le regard embrasse le corps dans tous ses états, du vestibule où le Meine neue Mütze de Georg Baselitz suggère déjà la violence et la sourde étrangeté du XXᵉ siècle, jusqu’à la sublime série Avignon, du même artiste, qui parachève cette revue. Un fascinant voyage !
Exposition Corps et âmes, à découvrir à la Bourse de Commerce - Pinault Collection jusqu'au 25 août 2025
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