[expo] Dans la camera obscura de Paolo Roversi au Palais Galliera
Le Palais Galliera passe à l’argentique 50 ans de carrière de Paolo Roversi. Une première rétrospective entièrement dédiée à l’œuvre unique du photographe, à la croisée de l’art et de la mode, à voir avant le 14 juillet.
Plein phare
Le musée de la Mode de la ville de Paris a mis sa petite robe noire. La somptueuse rétrospective dédiée à l’œuvre de l’Italien Roversi plonge le visiteur, par des murs tendus de noir, dans l’atmosphère de chambre obscure d’appareil photo. Une camera obscura qui annonce l’aspect technique et expérimental du travail de Roversi. Avec un éclairage à la lampe torche Mag-Lite à partir de 1997, pour faire vibrer les figures, produire des contrastes fort entre la surexposition de certaines parties du corps, la disparition d’autres au profit de l’ombre. Pour étirer les temps de pose, aussi, qui démultiplient parfois les bras des modèles pour en faire des Shiva de chiffons, qui déroule le mouvement, créer des sœurs jumelles, des fantômes. Plus tard, la découverte du film 8x10 Polaroïd, ses effets chimiques et jusqu’à la pénurie puis disparition de ce papier instantané, enfin le passage, sans perte, au numérique.
Roversi reproduit dans son studio, adulte, les effets qu’il obtenait avec une lanterne magique dans sa chambre d’enfant à Ravenne en Italie, où il est né en 1947.
Inès, Kate, Naomi et les autres
Sa production s’étire de photos de mode - pour le magazine Vogue, principalement, à des campagnes pour Saint-Laurent, Comme des garçons, Alexander McQueen, Azzedine Alaïa, Yohji Yamamoto, mais plus que le vêtement, ce sont ses modèles qu’on rencontre.
Les plus grands mannequins sont passées devant l’objectif de ce portraitiste hors-pair. Des mannequins ramenées à leur prénom. Inès (de la Fressange), Natalia (Vodianova), Kate (Moss), Guinevere (van Seenus), Naomi (Campbell), pour les plus connues, Sara, Kirsten, Tami, Lucie, Stella, Audrey, Saskia. Un profil, un sein, des mains, une pointe de pied perçant sous une robe parfois, l’intensité du regard, toujours. Mais aucun patronyme.
Aucun cartel non plus dans cette exposition, qui échappe de fait à la lourdeur d’un « sous-titrage » et nous laisse à notre pleine contemplation de l’œuvre. Pour connaître le détail de la chose vue, prière de se reporter au livret-papier fourni à l’entrée. Un parti pris qui est un immense atout. On sort à la lumière du jour abasourdi et conquis.
Exposition Paolo Roversi au Palais Galliera, à découvrir jusqu'au 14 juillet 2024
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
Trente ans après sa découverte, la grotte Chauvet se dévoile à la Cité des Sciences et de l’Industrie qui invite à découvrir « l’aventure scientifique » que constitue son exploration par des chercheurs de disciplines variées.
Grand nom de l’art moderne brésilien, Tarsila do Amaral est à l’honneur cet automne d’une exposition au Musée du Luxembourg qui révèle toute l’importance de cette artiste.
Le Musée du Petit Palais expose l’œuvre du suédois Bruno Liljefors, encore méconnu en France, depuis le 1er octobre et jusqu’au 16 février. Une plongée en forme de bestiaire dans la nature sauvage suédoise.
Dans le hall Defrasse de la passionnante Cité de l’Economie (Citéco), une belle rétrospective de l’œuvre de Janine Niépce montre les femmes au travail. Vibrant hommage au deuxième sexe.