[expo] Gustave Moreau, le Moyen Âge retrouvé : Démons et merveilles

Le musée Gustave Moreau présente une exposition intéressante sur l’inspiration médiévale du maître symboliste : l'occasion de redécouvrir cette maison fabuleuse, joyau de la Nouvelle Athènes.
Des licornes et des saintes extatiques, des chevaliers et des chimères, des croisés et des anges : le Moyen Âge de Gustave Moreau n’a rien de l’obscurantisme dans lequel on le relègue souvent. Il n’a rien non plus d’historique. Il est spirituel, élégant, mystique, héroïque et se garde de « cette course idiote vers la matière » qu’exécrait cet amateur de l’ornement et du précieux. Le Moyen Âge de Gustave Moreau est à la fois nourri d’une connaissance précise de ses productions et d’une fertile tendance au fantasme, à l’extrapolation et à l’agglutination. Ce temps retrouvé est aussi imaginé et propice à l’imagination.
Musée dans le musée
La scénographie d’Hubert Le Gall installe des panneaux qui s’insèrent harmonieusement dans les collections permanentes du musée, ne brisant pas l’harmonie pensée par l’artiste, qui légua sa maison à l’État et décida de la présentation de ses tableaux. Cette cohérence permet le dialogue entre les panneaux de l’exposition et l’incroyable fonds conservé par les scrupuleux exécuteurs testamentaires de Moreau. En même temps que l’on découvre les sources médiévales de cette œuvre, on peut aussi déambuler dans les pièces où vivait le peintre et redécouvrir le sidérant foisonnement de sa collection : copies des maîtres anciens, esquisses, dessins, objets d’art et meubles du quotidien.
Gothique et flamboyant
Dans cette maison hors du temps, qui rappelle celle de l’esthète excentrique Jean des Esseintes, surgit alors un Moyen Âge syncrétique. Il est à la fois noble consolation de la défaite de 1870 et des brutalités communardes qui détruisirent les fresques de Chassériau, le maître de Gustave Moreau, dans l’incendie du palais d’Orsay, et réhabilitation des forces de l’esprit, du génie du christianisme, de la pureté de l’amour courtois, d’un bestiaire enchanté, des angoisses métaphysiques d’Hamlet, du miracle des roses et des amours tragiques de Paolo et Francesca. Une exposition romantique à l’extrême !
Exposition Gustave Moreau, Le Moyen Âge retrouvé au Musée Gustave Moreau : à découvrir jusqu'au 12 février 2024
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