[expo] Ingres et Delacroix, objets d’artistes : je t’aime, moi non plus…

Pour sa réouverture, le musée Eugène-Delacroix présente, en collaboration avec le musée Ingres Bourdelle de Montauban, une intéressante exposition consacrée à l’univers intime des deux géants.
Entre « le Thiers de la ligne » et « le Proudhon de la couleur », ainsi caricaturés par Bertall dans Le Journal pour Rire de 1849, sans doute plus d’estime que d’inimitié, plus de respect que de haine. Présentés en leur temps comme les champions de deux courants ennemis, Ingres, le classique, et Delacroix, le romantique, ont surtout servi de prétexte aux amateurs de cabales pour s’entredéchirer sur les mérites comparés du pinceau et du crayon : on a les combats qu’on peut… Balzac le notait : « les injures prodiguées à Delacroix, à Ingres, n’ont pas moins servi leur renommée que les éloges et le fanatisme de leurs adhérents. »
Abolis bibelots
Le musée Eugène-Delacroix est installé dans l’ancienne habitation du peintre. On retrouve, après travaux, l’appartement, le jardin et l’atelier. Dans la pièce consacrée à Ingres, on découvre le célèbre violon, prêté pour l’occasion par le musée Ingres Bourdelle de Montauban, où l’exposition sera accueillie après son inauguration parisienne. Pour pénétrer dans l’intimité des deux artistes et pour sonder leur inspiration, des objets leur ayant appartenu peuplent les vitrines : les médailles officielles d’Ingres d’un côté ; de l’autre, l’émouvant presse-papiers en forme de serpent offert à Delacroix par George Sand, « amie et sœur bien chère ».
Une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer
Pot à tabac et couronne de laurier, coupe et encrier, palettes chargées de couleurs : les objets évoquent les hommes autant que les artistes. Si le secrétaire de l’un est plus rutilant (ou mieux restauré !) que celui de l’autre, on est saisi par la modestie de ces êtres conscients de leur valeur et soucieux de leur gloire, essentiellement taraudés par le désir de représenter au plus juste et au plus vrai. Claire Bessède, directrice du musée parisien, et Florence Viguier-Dutheil, directrice du musée montalbanais, ont réuni avec une même passion les souvenirs de ces deux phares qui éclairent ensemble l’histoire des arts.
Exposition Ingres et Delacroix, Objets d'artistes au Musée Delacroix, à découvrir jusqu'au 10 juin 2024
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