[expo] Jean Hélion, la prose du monde : Peindre pour voir clair

© ADAGP, Paris, 2024

Avec une rétrospective exceptionnelle consacrée à l’œuvre de Jean Hélion, le MAM de Paris offre l’occasion de découvrir ce peintre et intellectuel intempestif, atypique et passionnément libre.

Après s’être évadé de Silésie où il avait été envoyé après avoir été arrêté en 1940, Jean Hélion parvint à rejoindre les Etats-Unis où il publia Ils ne m’auront pas, qui connut un immense succès. Ce titre pourrait résumer l’œuvre de cet artiste qui demeura rétif à tout enfermement dans un style, bien qu’il ait traversé le XXe siècle en les fréquentant tous, passant de l’abstraction la plus radicale, au début des années 30, à la figuration, après la Seconde Guerre mondiale, alors que dominait partout le courant qu’il avait contribué à construire.

L’abstrait, âme du concret

Malgré son importance historique, sa singularité et sa capacité à créer à rebours, l’œuvre de Jean Hélion reste peu connue du grand public. Organisée de manière chronologique, la présentation, pensée par Sophie Krebs et Henry-Claude Cousseau, rassemble plus de 150 œuvres provenant des fonds publics et de nombreuses collections privées. Réalisée avec la participation de la BNF, de l’IMEC et de l’Association Jean-Hélion, cette exposition offre l’occasion d’une fascinante traversée du siècle, à travers l’œuvre de celui qui fut à la fois l’ami de Calder, de Duchamp ou de Victor Brauner avant de devenir une référence majeure pour l’artiste pop Jim Dine ou les peintres de la Figuration narrative Eduardo Arroyo ou Gilles Aillaud.

L’art est le plus grand des risques

« L'universel, le général, le permanent, ne signifient rien de bien clair. » affirmait Hélion en 1933, alors qu’il venait de cofonder le mouvement Abstraction-Création. Le 14 décembre 1982, il écrit : « Je n’ai plus que 2/10 dans un œil. Rien dans l’autre. Alors je peins pour voir clair. » Le MAM donne à saisir cette recherche infrangible de la clarté, qui préféra ouvrir des fenêtres sur le monde plutôt que de demeurer prisonnier des chapelles, quitte à prendre le risque d’être incompris ou de paraître anachronique. Mieux qu’une rétrospective, le MAM présente ici un « anti-destin », comme le dit Malraux à la fin des Voix du silence.

Exposition Jean Hélion, La prose du monde au Musée d'Art Moderne de Paris, à découvrir jusqu'au 18 août 2024

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