[expo] Transparences : L’exposition qui dévoile Yves Saint-Laurent

© Thibaut Voisin

La transparence était pour lui l’art de « garder le mystère ». Le musée Yves Saint Laurent Paris s’empare du travail du couturier dans un jeu du montré/caché par la matière, en regard et à l’épreuve d’œuvres d’art qui courent sur trois siècles.

Chez le couturier

Avec une exposition sur le thème de la transparence - les « transparences », au pluriel, dans les collections du célèbre couturier, on s’attendait à une sur-présence du corps féminin. Or, il n’en est rien. Le seul « nu » que vous verrez est celui d’un homme : Yves Saint Laurent lui-même. Il s’agit de la célèbre photo de Jeanloup Sieff immortalisant le couturier tout nu, tout barbu, pour le lancement de son parfum Pour homme en 1971.

Au-delà de ce nu qui accueille le visiteur, l’exposition travaille « le mystère » de la transparence, à l’instar de la vision du couturier. Il s’épaissit, se magnifie, sculpté par les vêtements, formes et matières, sélectionnés dans le fonds de 38 500 pièces d’un musée qui a ouvert ses portes en 2017, après avoir été le creuset de la création de la maison durant près de trois décennies. Un choix de robes – et smoking – aussi familiers que la Joconde, mais également la surprise de modèles méconnus des années 1990, s’égrènent le long d’un parcours en cinq chapitres qui explorent la structure, la fluidité ou encore le flou, apportés au corps.

Prendre l’art

Si cette exposition s’avère particulièrement réussie, c’est qu’elle échappe à une idée de la mode pour elle-même, confinée en vase clos, et s’ouvre au dialogue avec l’art. YSL en était féru, et les œuvres invitées - de Goya, Picabia ou Man Ray bien sûr, puisque c’était une référence importante, déjà, du vivant du couturier - s’orchestrent avec les pièces haute couture et accessoires présentés. Les volutes des voiles de la Danse serpentine de Loïe Fuller, par exemple, captés par la caméra des frères Lumière à la fin du XIXe siècle, donnent son pouvoir évocateur à une série de robes de soirée suspendues, en lévitation au-dessus d’un plancher-miroir – un dispositif qui montre tout, c’est-à-dire permet d’embrasser tous les angles d’un seul regard.

Et parce que la transparence du vêtement, comme le voile, cache et révèle en même temps, la scénographie ajoute à cela un jeu de lumières somptueux. Le montré/caché s’intensifie avec l’ombre projetée d’une mantille en dentelle. La transparence d’une robe devient présence fantomatique… Esprit es-tu là ? Celui de Saint Laurent hante encore les lieux, et on en est sûr, préparez-vous à le croiser.

Une exposition heureuse et judicieuse à découvrir jusqu’au 25 août 2024

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