[expo] Zanele Muholi à la MeP : Un autre regard

Brave Beauties, Candice Nkosi, Durban 2020 © Zanele Muholi

La Maison européenne de la Photographie dédie une vaste première rétrospective française à l’artiste queer et activiste sud-africain.e Zanele Muholi, qui invite à repenser les représentations.

Le sens du portrait

S’étalant sur les murs d’une salle de l’exposition consacrée à Zanele Muholi à la Maison européenne de la Photographie, une galerie de portraits frontaux en noir et blanc confronte le visiteur au regard de ceux photographiés. Qui regarde qui, peut-on alors se demander. Cette question du regard est au cœur du travail de l’artiste sud-africain.e. Celui qu’iel porte sur ses modèles, empli de douceur, de compassion et d’une volonté de leur redonner toutes dignité et fierté, mais aussi celui que nous adressent ces portraits, qu’ils soient ceux de l’artiste iel-même, de ses proches, de personnes LGBTQIA+ ou de participants à des concours de beauté queer.

Lionne noire

Depuis une vingtaine d’années, l’artiste, qui se décrit comme « activiste visuel », documente et fait écho aux diverses luttes, dans son propre pays comme dans le monde, en faveur des opprimés, femmes, noirs, homosexuels ou transgenres. Le faisant par l’illustration de rapports à l’autre, au collectif ou encore à sa propre histoire, souvent entremêlés. Pour rendre hommage à sa mère, femme de ménage, comme pour mieux déconstruire les stéréotypes, Zanele Muholi se pare d’objets domestiques, pinces à linge et éponges, peignes et plumeau, dans la série d’autoportraits Somnyama Ngonyama, un titre dans sa langue maternelle zoulou signifiant « Salut à toi, lionne noire ».

Tendresse et courage

À travers ses photographies, Zanele Muholi retrace les évolutions de la société sud-africaine, de la vie dans les townships et des traumatismes de l’époque de l’apartheid jusqu’aux violences et aux stéréotypes hérités du colonialisme. L’artiste cherche toutefois à capter une tendresse qui parvient à survivre puis une volonté d’affirmation de la part des personnes LGBTQIA+. La MeP se retrouve ainsi « queerée », expression utilisée par Muholi pour donner leur place aux membres de cette communauté dans l’espace public, en investissant des lieux emblématiques de l’histoire de son pays.

En couleurs ou dans un noir et blanc outré, ses photographies expriment autant être en prise avec leur époque qu’un désir de beauté échappant aux seules représentations hétérosexuelles et blanches. En somme, une beauté courageuse.

Exposition Zanele Muholi à la Maison européenne de la Photographie : à découvrir jusqu'au 21 mai 2023

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