Exposition Gérard Garouste : Le réalisme fou d’un peintre hors norme
Gérard Garouste, l’un des plus importants peintres contemporains français, se voit offrir une rétrospective d’envergure au Centre Pompidou, jusqu’au 2 janvier 2023. Un événement de taille, à la hauteur du grand format de ses toiles qui nous saisissent aux yeux et aux tripes.
L’inclassable
120 tableaux majeurs, littéralement hypnotiques, côtoient les sculptures et les travaux graphiques de l’artiste. Né en 1946, Gérard Garouste est marqué par la guerre, l’antisémitisme, les vicissitudes familiales. Il présente sa première exposition personnelle dans une galerie en 1969 puis se tourne vers le théâtre comme décorateur et metteur en scène, avant de se consacrer pleinement à la peinture. Il explore la mythologie grecque, les récits bibliques, la littérature et les textes judaïques. Dès les années 1980, il illustre les figures opposées du Classique et de l’Indien, représentant l’apollinien et le dionysiaque. Deux aspects contradictoires et complémentaires qui habitent l’esprit humain et se manifestent dans ses mouvements primaires autant que spirituels. Un concept du philosophie Nietzsche, dont Garouste s’inspirera fréquemment.
L’intranquille
On prend plaisir à se perdre dans cette exposition pensée comme un labyrinthe, on y traverse la folie destructrice autant que la quête de sens. Les portraits se succèdent dans d’immenses peintures figuratives, d’où surgissent des corps déformés et des aberrations visuelles. C’est un réalisme empreint de folie intérieure, qui se manifeste de manière énigmatique jusque dans l’apparence physique. Ainsi le peintre dévoile ses tourments, ceux-là mêmes qu’il évoque avec force dans son autobiographie, L’Intranquille, parue en 2009 et sous-titrée Autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou. Il y parle de son enfance, notamment du rapport avec son père, cet homme ambivalent qui le hantera longtemps, mais également de ses crises de délires qui le mèneront tout droit à l’hôpital psychiatrique. L’enfance et la folie sont à ses trousses, raconte-t-il, et il fut longtemps, selon ses propres mots, une « grande somme de questions ». Cette rétrospective singulière est une mise à nu sans concession de l’homme au travers de sa création.
Exposition Gérard Garouste : à découvrir au Centre Pompidou jusqu'au 2 janvier 2023
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
Trente ans après sa découverte, la grotte Chauvet se dévoile à la Cité des Sciences et de l’Industrie qui invite à découvrir « l’aventure scientifique » que constitue son exploration par des chercheurs de disciplines variées.
Grand nom de l’art moderne brésilien, Tarsila do Amaral est à l’honneur cet automne d’une exposition au Musée du Luxembourg qui révèle toute l’importance de cette artiste.
Le Musée du Petit Palais expose l’œuvre du suédois Bruno Liljefors, encore méconnu en France, depuis le 1er octobre et jusqu’au 16 février. Une plongée en forme de bestiaire dans la nature sauvage suédoise.
Dans le hall Defrasse de la passionnante Cité de l’Economie (Citéco), une belle rétrospective de l’œuvre de Janine Niépce montre les femmes au travail. Vibrant hommage au deuxième sexe.