Graver la lumière au Musée Marmottan Monet : Des siècles d’estampes
Le musée Marmottan Monet propose de plonger dans la longue histoire de l’estampe.
La passion de la gravure
Le pasteur suisse William Cuendet (1886-1958) était de ceux qui ont vu la lumière. Plus précisément celle capturée par les gravures, qu’il se met à réunir avec passion, à commencer par celles de Dürer et Rembrandt. Après sa mort, une fondation à son nom est créée, associée à l’Atelier de Saint-Prex, qui promeut tant l’histoire de l’estampe que la création contemporaine, et rassemble désormais des milliers d’œuvres. C’est à cette précieuse collection que le musée Marmottan Monet consacre une exposition qui revient avec didactisme sur les évolutions des différentes pratiques, de la xylographie à l’eau-forte, et montre les dialogues entre les graveurs à travers les époques.
Des techniques et des usages multiples
Avec l’invention de l’imprimerie au XVe siècle, l’estampe permet la multiplication et la diffusion des images, remplaçant ainsi les enluminures médiévales. La Bible en est l’exemple le plus emblématique, Dürer puis Rembrandt illustrant des passages des textes sacrés. Les connaissances scientifiques et géographiques circulent aussi davantage, tandis que Canaletto et Piranèse signent de magnifiques vues de Venise ou Rome ramenées par les voyageurs en souvenir, comme des ancêtres de la carte postale.
Moyens de reproduction de tableaux ou d’effigies de rois, les pratiques et les usages se diversifient et donnent lieu à des merveilles d’élaborations présentées dans le parcours. Les peintres du XIXe siècle s’y intéressent aussi comme outil de création et même d’expérimentation. À l’instar de Degas qui se l’approprie pour renouveler son travail sans jamais pour autant commercialiser sa large production. Ou de Manet, Redon et Bonnard qui utilisent les procédés de l’eau-forte ou de la lithographie pour jouer de leurs subtilités.
C’est toutefois la création de la photographie, dont l’origine est liée à l’estampe, qui rend celle-ci moins essentielle. Ce qui n’empêche pas l’exposition de revenir sur le procédé hybride de l’héliogravure employé par les photographes Edward Steichen et Julia Margaret Cameron. Ou encore de montrer, grâce aux artistes contemporains de l’Atelier de Saint-Prex, que la gravure connaît toujours une certaine vitalité dans le prolongement et le renouvellement des maîtres du passé. De quoi rester gravé durablement dans les mémoires.
Exposition Graver la lumière au Musée Marmottan Monet, à découvrir jusqu'au 17 septembre 2023
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