Julia Pirotte au Mémorial de la Shoah : De l’ombre à la lumière

Le Mémorial de la Shoah présente une exposition autour de la vie de la photographe Julia Pirotte. Résistante, originaire de Pologne réfugiée en Fance, ses œuvres illustrent la vie pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
Résister : un verbe, tant de significations. Pour Julia Pirotte, résister voulait dire photographier : photographier d’abord les Résistants, qu’elle rejoindra en participant au transport d’armes et de tracts, ainsi qu’à la fabrication de faux papiers. Photographier aussi les habitants de Marseille, ville d’adoption qu’elle investit après s’être réfugiée en France en 1934, fuyant la Belgique, qu’elle avait rejointe en fuyant la Pologne, son pays natal. Julia Pirotte va capturer dans son objectif les différentes facettes de la cité phocéenne au cœur d’une guerre globale : pour les journaux locaux, elle immortalise les populations pauvres du Vieux-Port, les enfants et femmes juifs du camp de Bompard, jusqu’à la libération de la ville à l’été 1944.
Julia Pirotte : photographier le réel
Elle-même juive, Pirotte s’investit aux côtés d’autres grandes résistantes, à commencer par Suzanne Spaak, Juste parmi les Nations, Jeanne Vercheval, féministe belge, ou sa propre sœur Mindla, tuée en 1944 par l’armée nazie. Julia Pirotte rentrera en Pologne à la fin de la guerre, pour témoigner sur place d’un pays en pleine dualité, en pleine reconstruction : détruit par le conflit et toujours dévoré par un antisémitisme rampant.
L’exposition présente de nombreuses photographies originales, complétées et contextualisées par des articles de presse, par des lettres, des vidéos et documents officiels… Ainsi, Julia Pirotte, photographe et résistante nous amène avec elle au Congrès mondial des intellectuels pour la paix de 1948 à Wroclaw, où elle tirera le portrait, entre autres, de Picasso, d’Irène Joliot-Curie ou d’Aimé Césaire.
Le Mémorial de la Shoah couvre toutes les époques de la vie de Julia Pirotte, jusqu’à son retour en Pologne dans les années 60, en passant par son expérience des kibboutz en Israël, jusqu’à la reconnaissance de son travail dans les années 80, et ses expositions à Paris, Varsovie, New-York… Une rétrospective complète et édifiante.
Exposition Julia Pirotte, photographe et résistante, à découvrir au Mémorial de la Shoah jusqu'au 12 novembre 2023
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