[expo] Yasuhiro Ishimoto, Des lignes et des corps au BAL : Décors non linéaires
Un parcours autour de l’œuvre du photographe japonais, entre le Pays du Soleil Levant et les ruelles de Chicago.
Le BAL, lieu d’exposition créé en 2010 par l’immense Raymond Depardon et sa directrice actuelle, Diane Dufour, accueille depuis le 19 juin et jusqu’au 17 novembre prochain l’exposition « Yasuhiro Ishimoto, Des lignes et des corps ». Un parcours autour de l’œuvre du photographe japonais, entre le Pays du Soleil Levant et les ruelles de Chicago.
Yasuhiro Ishimoto n’avait jamais eu l’honneur de voir ses tirages originaux exposés en France, ni même en Europe. C’est désormais chose faite : le BAL, en collaboration étroite avec le Ishimoto Yasuhiro Photo Center du Museum of Art, situé à Kochi au Japon, expose 169 tirages d’époque, en se concentrant sur les premières décennies de travail de l’artiste. Un parcours volontairement délimité, donc, qui retrace une part de vie entre deux continents : né de parents japonais à San Francisco, élevé au Japon, Ishimoto rêve de vivre à New York quand il retourne aux États-Unis en 1939. Mais la formation militaire effectuée dans son pays natal lui interdit de vivre près des côtes américaines. Qu’importe, ce sera donc Chicago qui remplira le rôle de port d’attache : la Windy City, surnom donné à Chicago pour les vents venus des lacs qui balaient la ville, deviendra le terrain de jeu du photographe.
Yasuhiro Ishimoto, entre deux rives
Ses gratte-ciels, son architecture, sa population remplissent les clichés d’Ishimoto, encore méconnu du public français. En cause, peut-être, son style hybride, parfois penchant vers le Nouveau Bauhaus, parfois incliné vers l’esthétique purement japonaise. À la frontière de la photographie documentaire, les tirages en noir et blanc montrent à la fois des chemins de pierre, des enfants qui jouent dans les rues de Chicago, une population de travailleurs fatigués : ces fameuses lignes et corps. Et toujours, une certaine distance, un formalisme assumé.
Et puis viennent ces clichés de Tokyo, à son retour au Japon, au début des années 1950. Là-bas, il deviendra une figure de la photographie japonaise. Celui qui fut prisonnier des camps destinés aux prisonniers américains d’origine japonaise après l’attaque de Pearl Harbor avant de se former au sein de l’Institute of Design de Chicago traduit à travers son œil cette dualité permanente : un œil dépourvu de sentimentalisme, presque austère par moments, certes, mais attaché à saisir la réalité pure de deux mondes que tout semble opposer.
Exposition Yasuhiro Ishimoto, Des lignes et des corps au BAL, à découvrir jusqu'au 17 novembre 2024
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