[critique] Courgette au Théâtre Tristan-Bernard : L’amour en plus
Grand succès avignonnais lors des deux dernières éditions du festival, Courgette pose enfin ses valises, ses chagrins et ses joies sur la scène parisienne : un charmant spectacle à ne pas manquer !
Pamela Ravassard et Garlan Le Martelot ont adapté avec brio le roman de Gilles Paris, que le grand écran a déjà largement contribué à populariser. Mettre en scène cette autobiographie d’un enfant en conservant la fraîcheur et l’innocence de son point de vue est une gageure que Pamela Ravassard relève haut la main, grâce au concours de tous les artistes qui transforment ce récit initiatique en poignante et vibrante ode à la vie. Il faut dire que celle de Courgette commence assez mal, avec un coup de feu mal orienté qui le place aux Fontaines, un foyer pour gavroches écorchés où il rencontre Simon, Ahmed et Camille, qui, comme lui, ont été privés d’enfance et d’amour.
Enfance de l’art
Vanessa Cailhol, Garlan Le Martelot, Florian Choquart et Lola Roskis-Gingembre interprètent avec une extraordinaire justesse Icare, alias Courgette, et ses copains aux cœurs cabossés. Ils sont déconcertants de grâce. Vincent Viotti campe Raymond, le gendarme bourru, un peu Vitalis, un peu Jean Valjean, père de substitution qui se répare lui-même en rafistolant ces gamins mal aimés. Le coup de génie de cette adaptation est de mêler le théâtre et la musique en un spectacle virevoltant. La scénographie d’Anouk Maugein, inspirée de Calder et de Matisse, offre des espaces de jeu qui permettent de glisser en un clin d’œil d’une scène à l’autre, de l’introspection à la réalité, du souvenir à l’espoir.
Art de l’enfance
Le texte, tout en franchise et en humour, réussit à ressusciter l’enfance sans la singer et s’adresse à tous avec autant de naïveté que de distance. Les interprètes passent des instruments de musique au dialogue théâtral avec une remarquable aisance : la chanteuse devient Camille, le guitariste devient Raymond, le batteur devient Simon, la pianiste devient Ahmed. Ni mièvrerie, ni complaisance ni règlement de comptes avec le ciel, d’emblée assassiné par Courgette : à condition qu’on l’aide à avancer en lui expliquant comment mettre un pied devant l’autre, l’enfant réussit à marcher jusqu’aux étoiles.
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