[critique] Josiane : Guillois grivois, libre et hardi !

Pierre Guillois revient avec un nouveau spectacle à la Pépinière : des comédiens fantasques et insolents pour un texte foutraque, politiquement incorrect et résolument iconoclaste. Hénaurme !
Après Le Gros, la vache et le mainate, Bigre et Les Gros patinent bien (toujours à l’affiche du Théâtre Saint-Georges), Pierre Guillois signe une nouvelle fable trash absolument déjantée, crue et désopilante, autour des aventures de Josiane, Godot à la camarguaise, qui, à 71 ans, quitte ses parents et son Auvergne natale pour se retirer dans une caravane en plein marais. Pas vraiment de narration globale, comme toujours dans le burlesque dont Pierre Guillois est un des grands maîtres contemporains, mais une série de vignettes loufoques où les comédiens s’amusent à tout dynamiter, y compris le théâtre !
Aréopage hilarant
Jean-Paul Muel (génialissime) et Bernard Ménez (décapant) campent les parents de Josiane, délaissés dans leur cuisine de l’Allier et très inquiets de la disparition de leur bébé, à qui ils envoient des textos interminables pour se plaindre l’un de l’autre et tâcher de convaincre la dissidente de revenir. La scénographie de Laura Léonard et les lumières de Vincent Haffemayer font apparaître et disparaître le formica derrière les roseaux au milieu desquels Josiane a installé sa retraite. Deux fantômes (hilarants Vincent Debost et Martin Karmann) veillent au milieu des moustiques et découvrent le bonheur de la sexualité incube.
Théâtre à coups de marteau
Entre ces deux couples qui passent en revue les aléas de la vie amoureuse, de la fornication à l’assassinat, errent un huissier de justice (Thomas Blanchard et Romain Cottard en alternance) et une chasseuse de flamands roses (excellente Agathe L’Huillier) dotée d’une meute de chiens et d’un tempérament de walkyrie hallucinée. La mise en scène est réglée au cordeau, la création sonore de Loïc Lecadre est tordante, les saillies fusent et la gaillardise ne s’embarrasse d’aucun complexe. Pierre Guillois envoie du lourd ! Les oreilles chatouilleuses seront peut-être malmenées par l’exercice, mais les zygomatiques pas complètement ankylosés par la bigoterie conformiste apprécieront l’excursion !
Josiane au Théâtre La Pépinière : réservez vos places avec L'Officiel des spectacles
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