[critique] Le Nectar des dieux : Un nectar drôlement humain
Le Nectar des dieux, par la compagnie des Désignés volontaires, nous plonge dans 10 000 ans d’histoire du vin. Cette épopée gouleyante est de retour au Funambule Montmartre dans le 18e arrondissement jusqu’au 1er septembre.
Le Funambule Montmartre est situé à seulement quatre minutes à pied des vignes de la butte. Et comme un clin d’œil, il s’y joue la pièce Le Nectar des dieux, au titre évocateur. Sur scène, c’est « ambiance caviste », avec des caisses de vin montées en pyramide et une table de bistro où sont placés deux verres qui seront bus, et remplis, régulièrement. Le comédien Hugo Klein, les bras chargés de bonnes bouteilles, y rejoint Célian d’Auvigny (en alternance avec François Piel-Flamme). La cargaison arrivée à bon port, Delirium et Tremens (c’est le nom des duettistes) peuvent rendre hommage à leur ami Michel, emporté par un excès de Gamay, et disserter sur la fascinante histoire du vin.
Avé César !
Cette odyssée de 10 000 ans est mise en mots par Hugo Klein, François Piel-Flamme et Lucas Gonzalez, des spécialistes de la vulgarisation historique. Elle commence par un heureux hasard, quand un distrait, en Anatolie, laisse fermenter du raisin sous son lit. En France, ce nectar, finalement plus humain que divin, rime avec convoitise et politique (rivalité entre nobles, avec les Anglais, les Allemands, les Italiens, la mainmise du clergé…). La culture vinicole, imposée en Gaule par l’empereur César, traverse les siècles en dépit des coups durs (l’épidémie de Phylloxera à la fin du XIXe siècle).
Une masterclass ludique
On apprend cela, et plus encore, lors de cette masterclass d’une heure, ultra-documentée, sans temps mort et très drôle. Car le ton se veut ludique, à l’image de la rocambolesque fuite de Marie-Antoinette et l’épicurien Louis XVI à Varennes. De cet épisode lunaire, les deux « conférenciers », bien aidés par la mise en scène alerte de Lucas Gonzalez, en extraient tout le ridicule et le burlesque. Les comédiens, enthousiastes, maintiennent cette énergie tout au long de la pièce grâce des dialogues qui osent le calembour et les références à des évènements très récents. À la fin du spectacle, informés et réjouis, on n’a qu’une seule envie, faire honneur au produit (avec modération évidemment).
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