[critique] Les Marchands d'étoiles : À l’heure des choix

© Florian Cléret

Les Marchands d’étoiles offre un huis-clos tragi-comique en compagnie d’(anti) héros ordinaires dans un Paris occupé. Acclamée au festival Off d’Avignon, la pièce d’Anthony Michineau prend ses quartiers au théâtre le Splendid, dans le 10e arrondissement.

Les Marchands d’étoiles nous invite dans un dépôt de tissus parisien (joli travail du scénographe Georges Vauraz), en juin 1942. Raymond Martineau (Guillaume Bouchède), le patron, veut faire l’inventaire de son stock. Pour l’aider, il peut compter sur sa femme Yvette (Stéphanie Caillol), sa fille Paulette (Axelle Dodier) qui a des rêves d’actrice et Louis (Anthony Michineau), son trop pragmatique employé. Le jeune Joseph (Julien Crampon), sa dernière recrue née d’un père catholique et d’une mère juive, réalise à peine sa judéité. Alors que tout ce petit monde s’active, Raymond Martineau aurait dû respecter les règles du couvre-feu…

Le camp des vainqueurs

L’atmosphère, légère en début de soirée, va vite s’assombrir avec l’arrivée inopinée de Marcel (Nicolas Martinez), un milicien sans scrupules… Marcel est odieux et cynique mais quid de ses hôtes ? Il y a ceux qui font le dos rond, collaborent avec le camp des vainqueurs par instinct de survie ou prennent des risques inconsidérés. Tous ces personnages sont dessinés avec nuance : Raymond Martineau, par exemple, n’hésite pas à vendre du tissu pour un projet infâmant, utilise des expressions antisémites comme « se cogner le petit juif » (le coude) mais va finalement révéler une profondeur et un courage insoupçonnés.

Du rire et des larmes

Sa faconde à la Raimu dans un film de Pagnol déclenche les rires, comme autant de respirations dans un huis-clos, de plus en plus oppressant (efficace bande sonore de Yohann Roques) et qui interroge sur nos lâchetés. Grâce à son écriture alerte, Anthony Michineau a reçu le Prix du meilleur auteur contemporain au festival off d’Avignon 2023, remis par la presse. De son côté, Julien Alluguette signe une mise en scène subtile, notamment en terme de suspense ou quand Joseph et Paulette imaginent l’interrogatoire de Raymond par la Gestapo. Il a reçu le Prix du meilleur metteur en scène du festival Off d’Avignon cette année. Au-delà des récompenses, on court découvrir ce spectacle drôle, bouleversant et emmené par des comédiens au top.

Les Marchands d'étoiles au Splendid : réservez vos places avec L'Officiel des spectacles

Partager cet article sur :

Nos derniers articles

Maxence Gaillard s’installe brillamment au Lucernaire avec la pièce imaginée par Stéphane Landowski autour de la guerre des courants, qui marqua les débuts de la maîtrise de l’électricité.

Après le verger sous les étoiles de Fontaine-Guérin, où a été créée la trilogie à l’été 2024, le NTP propose une divine comédie avec Balzac en nocher, à l’intérieur du théâtre de La Tempête.

Victor Rossi reprend avec Matthew Luret la pièce qu’il a écrite et créée avec Antoine Demor. Un petit bijou théâtral, fin, vif et incisif, d’une grande intelligence et d’une implacable lucidité. Glaçant !

Au Théâtre Saint-Georges, Clément Viktorovitch, seul en scène, libère du temps de cerveau disponible en déjouant la confusion entre les vessies et les lanternes. Rallumons les lumières !

La newsletter

Chaque mercredi, le meilleur des sorties culturelles à Paris avec L'Officiel des spectacles !