[critique] Passeport d'Alexis Michalik : (En)quête d’identité
Alexis Michalik se fait plus « politique » avec Passeport, sa nouvelle création au Théâtre de la Renaissance, autour du sort des migrants. Il livre un conte humaniste, à la mise en scène énergique.
Mais qui est Issa, homme doux, attachant et bien décidé à sortir de la jungle de Calais ? Lui-même ne le sait pas. Il est devenu amnésique après avoir été agressé. Ce réfugié, qui serait érythréen, est au cœur de Passeport, la nouvelle pièce d’Alexis Michalik, actuellement au Théâtre de la Renaissance. Après la prison dans Intra Muros , la PMA et les couples homosexuels dans Une Histoire d’amour, le petit prince du théâtre privé s’engage, même s’il s’en défend, sur un terrain plus politique.
« Les misérables n’ont d’autre remède que l’espoir »
Cette citation de Shakespeare, Michalik l’a faite sienne pour raconter le sort tragique de ceux qui ont pris tous les risques pour quitter leur pays. Bien documenté, même s’il n’évite pas toujours certains stéréotypes, il en profite pour égratigner l’accueil que réserve la France aux migrants (le parcours du combattant pour la carte de séjour) et rappeler que notre pays s’est construit avec l’immigration. L’histoire d’Issa se conjugue avec celle de Lucas, gendarme originaire des Comores, adopté et qui travaille dans la Jungle, et lui aussi en quête d’identité. Leurs parcours parallèles est raconté avec une efficacité sans faille, sans temps mort. La mise en scène est fluide et va à toute vitesse, autre marque de fabrique de Michalik.
Twist final
Elle profite d’un décor évolutif, qui participe à un certain réalisme : un fond de scène gris avec projection de vidéos, un espace pour y faire passer une cage / container aux multiples fonctions. Avec un sujet pareil, l’humeur aurait pu être plombante. Ce n’est pas l’option choisie grâce notamment à des répliques drôles et au jeu inspiré des comédiens qui alternent les rôles avec brio. Le pic d’émotion est atteint quand Issa raconte son parcours pour arriver en France. Le récit prend parfois des allures de conte, pour verser sans crier gare dans l’enquête policière. On se gardera évidemment de révéler le twist final. Un retournement bien amené et bouleversant, brillant épilogue à ce récit humaniste.
Passeport au Théâtre de la Renaissance : réservez vos places avec L'Officiel des spectacles
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