[critique] Sebastian Marx, On est bien là : Heureux qui comme Ulysse…

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Après Un New-Yorkais à Paris, Sebastian Marx revient avec un nouveau spectacle dans lequel il raconte les affres drolatiques de l’intégration en mode bobo… Hilarant, sympathique, fin et subtil !

À l’époque où, en Europe, seule la France avait accordé la citoyenneté aux Juifs, on disait en yiddish, « men ist azoy wie Gott in Frankreich » : heureux comme Dieu en France. Reste qu’être un « quarantenaire franco-juif-new-yorkais pacsé avec trois enfants en bas âge » n’est pas forcément de tout repos. Le « on est pas bien, là ? », que tous les amateurs d’apéro en terrasse reprennent aux Valseuses, est peut-être à asséner avec un peu plus de modestie… Si Sebastian Marx raille avec bonhommie le narcissisme hexagonal, il moque aussi la myopie plaintive de ses compatriotes d’adoption.

Humour à la fleur de sel

Pauvreté endémique au Royaume-Uni, vulgarité du « amazing ! » américain, souvenir des grands-parents fuyant Hitler pour retrouver en Argentine un voisin nazi devenu austral quand la croix gammée était passée de mode en Allemagne : la France, au fond, il y a pire ! Reste néanmoins quelques petites récifs dans le long fleuve tranquille de l’exil. Quand sa femme de ménage trouve sa maison et les gâteaux qu’on lui offre « dégueulasses », quand sa fille corrige son français et que sa femme se révèle encore plus cigale que lui, Sebastian Marx se découvre fourmi laborieuse un peu dépassée par le flot des choses de la vie.

Tolérance à fleur de peau

Après son précédent spectacle, dans lequel il narrait son arrivée à Paris et son intégration linguistique au forceps, le sympathique stand-upper raconte comment il est devenu français, même s’il parle encore « avec un accent de touriste allemand ». Descendant d’une famille juive où chaque génération a dû fuir une nouvelle dictature, Sebastian Marx a fait des enfants en France : ubi pater sum, ibi patria ! Sacré bras d’honneur, mine de rien, à tous ceux qui continuent de vouloir fermer la porte aux étrangers, et belle leçon de tolérance à ceux qui se targuent de parler comme Molière, en oubliant qu’il raille Arnolphe quand celui-ci se fait appeler Monsieur de la Souche ! Peu importe l’accent, si les mots sont drôles !

Sebastian Marx à la Comédie de Paris : réservez vos places avec L'Officiel des spectacles

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