[critique] The Fisher King : Bonne pêche !

Axel Drhey adapte et met en scène le film de Terry Gilliam, écrit par Richard Lagravenese. La scène du Splendid se transforme en terrain de rédemption cocasse pour chasse au Graal drôle et tendre.
Jack Lucas (Stéphane Brel) est un animateur radio arrogant, prétentieux et vain, en tous points semblable aux pervers cathodiques qui peuplent aujourd’hui les médias populistes. Il pousse régulièrement au crime à force de haine de classe vulgaire et crasse, jusqu’au jour où ses diatribes tombent dans l’oreille d’un dingue, qui fait un carton. Sept victimes dans un attentat suicide que Jack a encouragé sur les ondes : c’est l’opprobre et la chute ! Jack plonge dans l’alcool et n’est plus soutenu que par Anne (touchante Julie Cavanna). Mais un soir de débine, Jack est sauvé par Parry, clochard céleste, grâce auquel il va trouver la voie de la rédemption.
Le théâtre crève l’écran
Le film original de Terry Gilliam est le premier pour lequel le réalisateur ne fit pas appel à ses camarades des Monty Python. Axel Drhey, qui se sert du scénario comme trame pour son adaptation théâtrale, conserve cependant des éléments de cette veine burlesque. Les scènes se succèdent allègrement comme autant de sketches ; des inserts surréalistes et délirants ajoutent un grain de folie au drame : ainsi le cheval inquiétant qui pointe son museau rougeoyant pour rappeler que l’aventure est celle de chevaliers en quête du Saint Graal, ou les images projetées en fond de scène, comme surgies du cerveau cabossé de Parry.
De la lie au calice
Axel Drhey interprète avec une amène conviction le clochard sympathique qui cherche à oublier l’horreur en tombant amoureux d’une ingénue charmante (poignante Charlotte Bigeard). Christophe Charrier et Alexandre Texier complètent la distribution de cette fable moderne et poétique, où l’amour guérit tous ceux que la bêtise a blessés ou handicapés. Jack gagne en humanité et Parry retrouve la foi grâce aux femmes et à l’amour terrestre, qui indiquent aux chevaliers le chemin du salut. La mise en scène enlevée offre à la loufoquerie d’alterner avec l’émotion : un spectacle sentimental et joyeux qui prouve que le courage suppose d’avoir du cœur.
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