[critique] Together à l'Atelier : Contre, tout contre…

© Simon Gosselin

Emmanuelle Bercot et Thomas Blanchard interprètent avec verve la dernière pièce de Dennis Kelly, qui dissèque avec maestria les affres du couple moderne. Humour noir, rire jaune mais vie en rose !

Les deux personnages de Together rappellent ceux du Chat et de Scènes de la vie conjugale, humour en plus et lucidité honnête en prime. Ils vivent ensemble non parce qu’ils s’aiment mais parce que la nécessité les y contraint. Quand on a fait un enfant, pourquoi se séparer ? Quand le gouvernement décide de confiner la population, comment se quitter ? Marivaux s’est déjà amusé à arracher le masque de la bienséance des visages des amants dans Les Sincères ; Dennis Kelly s’y emploie à son tour, situant sa pièce au moment de la pandémie, époque où bien des moitiés découvrirent l’horreur quotidienne de la complétude imposée !

Fuis-moi je te suis…

Entre thérapie de couple à ciel ouvert et thérapie de groupe à guichet fermé, Emmanuelle Bercot et Thomas Blanchard transforment la scène en déversoir désopilant : chacun parle cash, cru et dru des défauts de l’autre et s’adresse directement au public, qui rit jaune devant ce couple qui voit rouge et ose dire tout haut les agacements et le ressentiment que la politesse cache habituellement sous le tapis. Le texte de Dennis Kelly est mis en scène de manière allègre par Mélanie Leray. Les comédiens, très justes, campent avec bonheur ces quarantenaires au bord de la crise de nerfs.

Connais-moi, je te retrouve !

Les deux personnages se livrent à une scène de ménage tourbillonnante, qui oscille entre émotion et drôlerie, sans jamais sombrer dans la pesanteur de l’hystérie ou de la perversion. Le huis clos flirte avec le thriller, et l’astucieuse scénographie d’Alissia Blanchard laisse apparaître la forêt profonde et menaçante des inconscients d’où bondissent les traumatismes quand le surmoi ne les corsète plus. Entre mystères des attachements et énigmes de l’amour, apparaît une évidence : on ne peut supporter l’autre qu’à la condition de s’accepter soi-même. « L'amour c'est donner ce que l'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas », disait Jacques Lacan : Emmanuelle Bercot et Thomas Blanchard l’illustrent avec une belle élégance.

Together au Théâtre de l'Atelier : réservez vos places avec L'Officiel des spectacles

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