[critique] Un léger doute : Bienvenue en Absurdie

Avec ce premier essai en tant qu’auteur de théâtre, le comédien Stéphane de Groodt creuse à nouveau le sillon de l’humour absurde. Constance Dollé, Éric Elmosnino et Bérangère McNeese adhèrent sans réserve à la mécanique audacieuse de cette pièce qui questionne le réel.
Vite, vite retrouver ses clefs de scooter et se dépêcher d’aller voir sa mère. Stéphane (Stéphane de Groodt) veut quitter la scène où il vient de donner la réplique à Constance (Constance Dollé), Eric (Éric Elmosnino) et Bérangère (Bérangère McNeese). Sauf que ces partenaires ne l’entendent pas de cette oreille, persuadés qu’ils sont d’être face à un public en train de jouer une pièce. Voilà le point de départ improbable de Un léger doute, soit le retour de Stéphane de Groodt au Théâtre de la Renaissance après y avoir joué Un amour de jeunesse de Ivan Calbérac. Le fan de Raymond Devos et de Pierre Desproges livre ici sa première comédie, aux accents existentiels et à la fantaisie absurde.
Mort… ou pas ?
Son personnage pousse le curseur jusqu’au bout en se déclarant… mort. S’en suivent des discussions surréalistes qui miraculeusement tiennent la route, dans une langue d’équilibriste, parfois grivoise mais souvent drôle. Qui suis-je ? Où vais-je ? C’est quoi un comédien quand il quitte les planches ? Et l’amitié alors? Sommes-nous dans le passé ou le présent ? Toutes ces questions, qui donnent un peu le tournis, De Groodt les pose intelligemment dans ce divertissement à la mécanique bien huilée. Pour parvenir à ses fins, il utilise la rupture en alternant « réalité » (l’est-elle vraiment ?) et reprise du spectacle avec les acteurs à nouveau dans leurs rôles. Vous suivez ?
Gymnastique mentale
Pour s’y retrouver, on peut compter sur la mise en scène efficace de Jérémie Lippmann et surtout le casting : Constance Dollé, en épouse de théâtre constamment excédée par les « délires » de son mari de théâtre et Éric Elmosnino qui se réjouit de préparer les obsèques de son ami, sur du rap helvétique. Pour ses premiers pas sur les planches, Bérangère McNeese (vue dans la série HPI), hilarante en fausse naïve réceptive aux élucubrations de Stéphane, a en bouche quelques-unes des répliques les plus réussies (« L’acuité, c’est quand on a trop bu ? »). Une raison de plus de céder à cette vertigineuse gymnastique mentale.
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