[critique] West Side Story : Tous au Châtelet tonight !

© Johan Person

Pépite de la comédie musicale, succès scénique mondial, deux fois adapté au cinéma, West Side Story arrive à Paris dans une version aussi fidèle à l’originale que novatrice : une belle réussite !

Conception et chorégraphie de Jerome Robbins, livret d’Arthur Laurents et paroles de Stephen Sondheim, musique de Leonard Bernstein : il suffit parfois de citer ses auteurs pour être assuré de la qualité d’une œuvre. Celle de West Side Story est sans conteste ! Le metteur en scène Lonny Price relève la gageure de revisiter l’histoire d’amour entre Tony et Maria sur fond de rivalité entre les Jets et les Sharks, qui se déchirent, en modernes Capulet et Montaigu, pour un bout de trottoir new-yorkais, sous les yeux du méchant Krupke, le policier qui se réjouit de voir les pauvres s’étriper entre eux.

Acuité du propos

On est frappé par l’intemporalité, pour ne pas dire l’actualité, du propos de cette comédie musicale (tragédie musicale conviendrait mieux), et par l’intelligence du livret et des paroles. L’analyse des enjeux de l’intégration est à la fois drôle et pertinente : ainsi America, air magnifiquement porté par les chanteuses autour de Kyra Sorce, excellente Anita du début à la fin du spectacle, bouleversante dans A Boy Like That. Les affres de la misère sociale et de sa reconduction et l’impossibilité de parier sur l’amour quand règne la haine n’ont, hélas, pas vieilli.

Vivacité et délicatesse de l’interprétation

L’inventive scénographie d’Anna Louizos permet de passer en un clin d’œil du drugstore de Tony à la chambre de Maria, des aires de combat à la piste de danse. Les costumes d’Alejo Vietti identifient les rivaux grâce à un très beau travail chromatique. Les tenues rappellent les années 1950 sans sombrer dans le kitsch. Les danses sont parfaitement réglées par Julio Monge, qui reprend les chorégraphies originales. La troupe est composée de danseurs et chanteurs au talent éclatant. Au milieu de cette trentaine d’artistes très doués (qu’accompagnent les vingt musiciens dirigés par Grant Sturiale), brillent Jadon Webster et Melanie Sierra. Le premier est un Tony touchant de fraîcheur et la seconde une intense Maria, que son interprétation d’I Feel Pretty rend inoubliable.

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