Karim Duval / Doully / Ambroise et Xavier : C’est bon de rire, parfois…

Ambroise et Xavier © Laura Gilli

Portés par les étoiles montantes du stand-up contemporain, trois spectacles valent particulièrement le détour : ceux de Doully, Karim Duval et Ambroise et Xavier, qui croquent allègrement l’époque.

Ils sont nés sous Mitterrand, sont hyper connectés, rechignent à obéir aux ordres et changent de boulot comme de portable. Karim Duval fait partie de la génération Y, celle des milléniaux, dont il dissèque les travers et les angoisses avec un scalpel acéré. Marketeurs, communicants et autres improductifs des bullshit jobs sont conviés, depuis la salle avec laquelle Karim Duval dialogue allègrement, à soutenir ses hilarantes descriptions d’un monde en mal de repères. Si la plume est alerte et la critique acerbe, le bonhomme est tendre et son brio est plus empathique que cruel.

Doully, clocharde céleste

Avec la même aisance dans l’adresse au public et l’art de dynamiter le quatrième mur, Doully carbure à la noirceur, en punk aux pieds nus et comtesse de la débine. Comme tous les membres de cette nouvelle fraternité du rire, elle a grandi sur les écrans. Elle raconte avec une sidérante maîtrise de la provocation les aléas d’une vie brinquebalante. Elle n’hésite pas à rire de ce que la pudeur et la bienséance forcent souvent à taire, avec une puissance comique renversante. La drôlesse est précise dans l’envoi, et touche à tous les coups !

Ambroise et Xavier, trublions prodiges

Ambroise Carminati et Xavier Lacaille, à mi-chemin entre le stand-up et le théâtre, inventent un univers foutraque et absurde, qui joue avec un joli talent de la mise en abyme. Vidéo, spectacle dans le spectacle, autodérision et invention de personnages farfelus et attachants, les deux complices font preuve d’une virtuosité bluffante à la créativité jouissive.

Ces trois spectacles, qui rient de l’époque avec autant de pertinence que d’impertinence, offrent de puissantes ressources pour traverser le marasme ambiant. Leurs créateurs et interprètes, qui écrivent aussi bien qu’ils jouent, réussissent avec bonheur à rendre universelle leur condition de clowns boiteux, en équilibre entre rire et mélancolie. Efficace miroir à trois faces pour l’époque !

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