La Chienne des Baskerville [critique] : Un spectacle qui a du chien !
Gwen Aduh met en scène une ébouriffante relecture du chef-d’œuvre de Conan Doyle, hilarante, farfelue et plaisamment iconoclaste, servie par six comédiens pétulants, exubérants et gaillards.
Les admirateurs de Sherlock Holmes ont un tel respect pour le talent du grand détective qu’ils ne se sont jamais demandé pourquoi il vivait avec un homme, s’il avait le temps de faire les soldes chez Harrods et si le chien qui hante la lande de Dartmoor n’est pas plutôt une femelle qui venge toutes celles que la gent masculine s’autorise à considérer comme telles… Fort heureusement, Hugues Duquesne et Olivier Mag ont rétabli la vérité historique ! Et voilà Watson en nuisette, Holmes drogué jusqu’au trognon, Madame Hudson arthritique et glapissante et des Baskerville et alliés tous plus déjantés les uns que les autres.
Joyeuse troupe
Gwen Aduh, qui signe l’adaptation avec Miren Pradier et met en scène cette allègre pochade, en rajoute encore pour transformer la traque du monstre de la lande (devenue « La La Land » pour le plaisir de la cabriole musicale) en franc délire bourré de clins d’œil désopilants. Dominique Bastien (maître ès métamorphoses – la performance est à saluer !), Henri Costa, Jean-Baptiste Darosey, Hugues Duquesne, Mathilde Mery et Patrick Bosc s’en donnent à cœur joie pour interpréter tous les personnages de cette enquête loufoque. Les travers baroques de notre époque sont raillés avec esprit et belle humeur, dans cette cage aux folles et aux dingues à la sauce Monty Python et aux accents branquignoles.
Harmonie des talents
Le dessinateur Winschluss a créé un décor en noir et blanc plein de détails amusants. Philippe Beau manipule les silhouettes découpées et exécute les ombres corporelles qui animent le castelet du fond de scène, ajoutant de l’humour et une jolie poésie teintée d’absurde. La musique de Vincent Segal et les costumes d’Aurélie de Cazanove s’inscrivent parfaitement dans le ton décalé et joyeux de l’ensemble. Les comédiens jouent aussi bien qu’ils dansent, le rythme est enlevé, le ton est moqueur sans être pesant et l’ensemble fabrique un spectacle tiré au cordeau, frais et gai.
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